Archives pour août, 2007

    Sauvé!! Je suis sauvé!
Merci à Allah le très haut.. il m’a sauvé!..Il m’a permis d’échouer sur cette plage…
Je suis épuisé..mais vivant..
J’ai tellement eu peur
J’ai tellement eu mal
…tout ce que j’ai enduré pour fuir la misère de mon pays.
Il y a si longtemps que je l’ai quitté..
je n’ai plus de papier, plus d’identité..je ne suis plus rien..rien qu’un "haraga"..
Ils ont détruit ce qui était moi, ma personne, mes racines.
Mais il fallait tout détruire, pas le choix,
je ne sais plus qui je suis, d’où je viens, j’ai tout oublié dans la mer déchaînée,
elle a vidé mon cerveau, mon sang s’est enfui de mes veines,
mais je ne suis pas mort!
Les autres, mes compagnons de misère, il n’en reste qu’une poignée,
on était 70 entassés dans le "cayuco"
et j’ai travaillé dur pour monter dans cette embarcation d’enfer.
J’ai travaillé comme un bête de somme à Nouadhibou pour payer les passeurs..
 J’ai travaillé come un esclave, été considéré comme un chien
mais il fallait l’argent,
puis, il y a 2 jours, ils m’ont dit :"tu pars".
C’est arrivé.
Je suis monté dans le bateau, on a navigué,
 puis on a changé de cayuco,
les gardes-côtes..il ne faut pas qu’ils nous voient.. il faut ruser, changer encore d’embarcation,
et puis il y a eu la mer en furie avec ses creux cauchemardesques..on a chaviré.J’ai tout de suite été attiré par le fond, mais je ne voulais pas que tout s’arrête là, je me suis débattu, je suis remonté à la surface,
j’ai nagé, nagé, j’ai cru que c’était la fin..
Louange à Allah! qui a permis que mon père m’ait appris à nager, mon père qui m’a fait grand et fort..
J’ai lutté , puis je me suis laissé porter..
Puis la côte, là tout près..
je me suis remis à nager, et j’ai pu atteindre cette plage espagnole,
j’embrasse le sol, le sable, je suis vivant!
Le ciel s’ouvre enfin:  je vais vivre
le  bonheur est là ,
    Puisse Allah m’assister dans ma nouvelle vie!

Aucun tag pour cet article.

Ecrits relatifs

Comments 3 commentaires »

Il y a quelques jours, je faisais une halte dans un village ardéchois engoncé dans la chaleur d’une veille de 15 août.
 A la terrasse paisible d’un café, à l’ombre des tilleuls, je sirotais un thé au citron. A deux pas, dans l’allée damée de sable fin, sous la protection bienveillante des gros arbres qui savent tiédir l’air brûlant, trois joueurs de pétanque étaient à l’oeuvre.
 L’un des acteurs de la scène, un grand gars costaud entre deux ages, le verbe haut, s’employait à ce jeu avec force gesticulations;
 il commentait chacun de ses gestes d’exclamations et onomatopées diverses et variées:
"Ahhhhhhh!! Elle y vaaaaaaaaaaaa!! Hoooooo…. Aie-aie-aie-aie!!! Houlààààààààààààààà Ouaiaiaiaiaiais!!!"
 L’autre, le plus jeune, le freluquet à la casquette vissée sur le crâne, ne perdait pas son temps. A peine le temps de tirer ou pointer(que sais-je?) Et de courir aussitôt
 …constater les dégâts!
Trop précipité ce jeune homme!
 Et le dernier, ah! le dernier, le plus vieux des trois, alors lui, il m’a fascinée.
Il était de petite taille, pantalon noir remonté par de larges bretelles et béret bien en place; son allure était si voûtée qu’on aurait dit qu’il avait planqué une boule de pétanque dans son dos. Mais celui-ci, il jouait sérieusement!
 D’adord il soupesait sa boule, la caressait, la retournait, la humait..
 Puis, concentré comme un athlète qui veut accomplir la performance de sa vie, il lançait sa boule!
 Chaque geste était d’une précision remarquable.
J’exaltais dans mon fauteuil: sa boule immanquablement allait se loger près du cochonnet!
Ah ce que j’aurais aimer aller jouer avec eux!
j’ai du quitter ce spectacle à regrets..
 Il reste, imprégné dans mon souvenir, ce halo de bonheur simple,
 révélé par trois joueurs de pétanque.

Aucun tag pour cet article.

Ecrits relatifs

Comments Pas de commentaire »

Photo de Jany :

« Le rêve est la satisfaction d’un désir »

Freud

En fouillant dans une armoire de la maison que je venais de louer pour le mois d’Août à Deauville je suis tombé sur des documents oubliés par les locataires précédents. Il y avait un exemplaire du journal l’Union daté du mois d’Août de l’année dernière, une photo en noir et blanc montrant un homme apparemment enfoui dans le sable, et quelques feuillets provenant d’un journal intime.

Le temps était à la pluie, ce qui ne m’incitait pas à aller à la plage. Qu’auriez-vous fait à ma place ? Je m’installai confortablement et pris connaissance de ceci :

———————————————————————————————————–
«  25 Août 2006 :

Plus que quelques jours avant cette rentrée que j’appréhende tout spécialement cette année. Je ne sais pas pourquoi on a fixé au 31 décembre la fin de l’année officielle alors qu’il ne se passe jamais rien dans cette période hivernale. Au contraire, la rentrée de Septembre marque bien un renouveau. C’est là que se prennent les bonnes résolutions de l’été : perdre du poids, larguer Marie-Jo, m’occuper un peu plus de mon fils Jacques, etc.

Sur le plan professionnel c’est aussi à cette période qu’arrivent les annonces des réorganisations de services avec leur cortèges de joies pour certains et de grincements de dents pour d’autres. Or justement il y en a une en cours et je suis impatient de savoir ce qui s’est concocté dans mon dos.

26 Août 2006

Hier soir Marie-Jo a appelé. C’est Christine qui a répondu. Elle m’a passé le téléphone avec un sourire entendu :

- « C’est la secrétaire de ton patron, il parait qu’il veut te parler… »

Sous le regard amusé de Christine, j’ai été obligé d’écouter Marie-Jo jusqu’au bout d’un air impassible, meublant de quelques « oui… d’accord… » ses propos de midinette « qui ne pouvait plus se passer de l’Amour de sa Vie ». Je la supporte de moins en moins. Je sens qu’elle essaie de m’entrainer malgré moi dans une relation qui dépasse le simple assouvissement de notre plaisir physique.

27 Août 2006

Fred m’a appelé. Il travaille au service « Audit de Gestion » et a eu la primeur des conclusions du cabinet 3C (Crunch the Costs Corporation) chargé de la réorganisation de la boite. De ses propos alambiqués il ressort que mon service est éclaté en 3 composantes et je serais en charge de l’une d’elle. (Remarquez l’emploi du conditionnel au lieu du futur !) Voilà qui m’enlève tout espoir de promotion cette année…

28 Août 2006

Ce matin je me morfondais sur la plage en repensant à mon avenir professionnel compromis et au naufrage futur de mes relations avec Marie-Jo. Machinalement, (un psy y aurait vu certainement un rapport avec ma situation) je me suis mis à creuser le sable avec mes mains. Mon fils unique Jacques est arrivé à ce moment là et a pris une photo de moi sous un angle tel que j’ai l’air d’être à moitié enseveli. Juste après il m’a annoncé qu’il n’irait pas en fac en Octobre. Il a décidé de prendre « une année sabbatique » au Brésil. Moi qui avais rêvé d’une reconquête de mon fils, complètement effondré par la nouvelle, je n’ai pu lui sortir que quelques banalités qui se voulaient comiques, du genre :

- « Tu te méfieras des mygales dans la forêt amazonienne et encore plus des filles sur les plages de Copacabana ou d’Ipanema car elles sont dix fois plus dangereuses. »

Pendant que mon fils me développait ses arguments je continuais à creuser et regrettais de ne pas être une autruche qui, comme on le sait, a la faculté de s’enfouir la tête dans le sable en ayant ainsi l’impression d’échapper au danger.

29 Août 2006

La nuit dernière j’ai fait un rêve étrange. J’étais métamorphosé en autruche. J’arpentais une vaste étendue de sable et observais d’un œil attendri un troupeau d’autruches femelles très désirables qui avaient l’air de me suivre docilement. Le vent tiède m’apportait des senteurs de forêt et des effluves animales que j’arrivais à identifier sans mal : singes, gazelles, chiens de prairie, etc. Soudain retentit à une faible distance le rugissement d’un lion ! Le danger était là et le piège probablement bouclé par les lionnes sournoises. Je n’avais plus qu’une chose à faire : enfouir ma tête dans le sable et disparaître aux yeux de tous. Alors il y eut un grand silence et mes angoisses disparurent. Au matin je me réveillai frais et dispos, la tête encore remplie des sensations que j’avais éprouvées sous ma forme animale.

30 Août 2006

Je viens d’acheter le journal l’Union. Comment croire ce qui figure dans l’article de la page locale ? Et pourtant …. »

——————————————————————————————————–

Les notes de l’inconnu se terminaient ainsi, de manière abrupte, me laissant un peu sur ma faim.

J’ouvris alors le journal à la page consacrée à Deauville, dans l’espoir d’en savoir un peu plus. Voici ce qui était écrit :

« De notre correspondant local Denis Malafaix .
Dans la nuit du 28 au 29 août, un groupe d’élégantes sortant du Casino ont aperçu sur la plage une autruche ! Celle-ci semblait avoir de l’intérêt pour elles jusqu’au moment où les messieurs, restés un peu en arrière, rejoignirent le groupe. L’autruche manifesta alors un certain énervement, agitant ses ailes d’un air menaçant. La Police fut appelée et arriva aussitôt toutes sirènes hurlantes (au mépris du sommeil de nos concitoyens du boulevard de front de mer). On vit alors une scène incroyable ! Se sentant menacée par les policiers, l’autruche, comme le veut la tradition de ces volatiles, plongea aussitôt sa tête dans le sable de la plage. Alors que les policiers, stupéfaits, se demandaient comment ils allaient s’emparer d’elle, l’autruche disparut comme par enchantement !

Je n’aurais pas relaté cette histoire si je n’avais pu vérifier de mes yeux qu’elle figurait ainsi dans le rapport de police du commissariat de Deauville. On se perd en conjectures quant à la présence de cet animal sur la plage de Deauville et encore plus sur sa disparition subite.

————————————————————————————-

En regardant par la fenêtre je vis que le soleil était enfin revenu. Au diable ces notes incompréhensibles ! De toute façon mes amis m’ont toujours dit que j’étais totalement dénué d’imagination !

Aucun tag pour cet article.

Ecrits relatifs

Comments Pas de commentaire »