Archives pour février, 2008

 

J’ouvre les volets de cette maison bleue qui n’est pas la mienne. Oui, elle est bleue, je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pourtant pas le style des maisons picardes, plutôt grises du sol à la cheminée. Je ne me souviens plus de mon arrivée. J’ai laissé le numéro de ma carte, bleue, elle aussi. Celle qu’il a fini par me concéder un jour où il avait vraisemblablement dû boire plus que de coutume.
Je ne possède pas grand-chose à moi. Mon père disait toujours : « je n’ai que ma bite et mon couteau ». Moi je ne suis pourvue ni de l’un ni de l’autre et je survis tant bien que mal, plutôt mal d’ailleurs mais je ne pense pas que cet état ait un rapport avec les deux ustensiles dont parlait mon géniteur. Ma guérison passe par la destruction des images mentales qu’il m’a injectées dans le cerveau, la nécessité de trouver les signes qu’il a pris la précaution de déposer un peu partout pour me piéger .
Le voisin d’en face regarde encore dans la direction des fenêtres de mon salon. Il a l’air seul lui aussi. Il fait un froid de canard. D’ailleurs il n’y a que les canards dehors, de si bon matin. Je ne les vois pas mais je les entends de ma fenêtre. Tout d’un coup, l’un d’entre eux pousse un tonitruant « Coin, coin, coin » qui finit écrasé par la densité du brouillard au dessus de l’Aisne…….
Ici tout est aqueux. Mes pensées elles-mêmes  se liquéfient sur place. Ce phénomène me rassure. S’il ne reste plus rien de solide par ici, les signes aussi s’effaceront.
La sonnerie de mon téléphone portable m’informe qu’un message m’attend sur ma messagerie. Je pressens qu’il émane de mon bourreau :
« C’est moi ma petite bergère, ton Dieu Pan. Mais où es-tu ? Pourquoi es-tu partie? Tu ne peux m’échapper.  Ton cul est ma quête, mon pèlerinage et j’irai le retrouver à genoux s’il le faut. Je suivrai les signes…»
Frissons dans le dos. J’aurais dû me débarrasser de mon téléphone plus tôt. Je le jette par terre, et ses morceaux éparpillés sur le sol m’apportent un léger apaisement.
 Il me fait toujours peur. Lui et ses chairs molles, avides de mon coquillage, comme il l’a toujours appelé. J’ai eu beau essayer de le fermer, il a toujours réussi à en forcer les charnières. Ici il ne me trouvera pas. J’essaye de m’en convaincre. Peut être que toute cette flotte va réussir à me nettoyer des souillures qu’il a déposées sur mon corps depuis…Oh depuis l’aube de ma vie, semble t-il !
Le voisin a l’air doux. Il est mince. Sûrement que je pourrai continuer de respirer s’il me grimpait dessus, lui, pour nos tremblements corporels !
Cette maison, même si j’avais été milliardaire, (ce qui n’est vraiment pas le cas puisque tout l’argent c’est lui qui l’a), je ne l’aurais pas achetée. D’abord parce qu’elle tombe en ruine. L’eau l’attaque de toute part. Par-dessus, par-dessous. Puis elle est au centre ville de Soissons, une ville triste comme toutes les petites villes du nord.
Je m’efforce de sortir tous les matins vers neuf heures, juste après avoir pris mes cachets et je vais marcher le long de la rivière. L’humidité traverse toutes les couches de tissu et de peau jusqu’à pénétrer entre les os, juste au niveau des articulations comme pour les rouiller à jamais. Je sens un danger tangible proche de moi. Les signes sont quelque part, par ici, Il faut que j’arrive à les localiser pour les détruire. Me libérer.
On frappe à ma porte.
J’ouvre.
C’est mon voisin, tout de bleu vêtu. Du coup j’hésite à le faire rentrer, fascinée par le spectacle de ce costume bleu fondu sur le mur bleu de la maison.
« Bonjour, je ne vous ai pas vue sortir ce matin comme d’habitude, alors c’est bête mais j’étais inquiet. Vous n’êtes pas malade au moins ? Si c’était le cas, n’hésitez pas à me demander quoi que ce soit, je serai ravi de vous rendre service.»
« Malade ? Non…Mais quelle heure est-il ? »
« Dix heures. »
« Ah déjà ? Le temps n’est pas passé à la même vitesse que les autres jours ce matin….. »
« Vous n’avez besoin de rien ? »
« Si, besoin de dépister les signes et d’un bon avocat. »
Devant l’air interloqué de mon visiteur je me décide à le faire rentrer. Il parle, égrénant des perles de mots en un collier sans fin. Est-ce possible que cela existe un homme aussi bavard?
Je ne comprends pas le sens de ses mots. Enfin je n’y prête pas attention. J’ai si peu l’habitude que l’on s’adresse à moi. J’écoute juste la musique de sa voix, grave et douce dénuée, de l’accent picard nasillard. Au fur et à mesure que ses notes m’enveloppent, elles sèchent l’humidité dont mes os sont perclus. Je me concentre maintenant. Il me raconte qu’il est écrivain, qu’il aime venir là pour fuir la capitale afin de trouver l’inspiration. Puis il me regarde intensément :
« Un avocat ? Vous avez besoin d’un avocat ? »
« Oh mais je ne vais pas vous embêter avec mes histoires. Qu’écrivez-vous ? Des romans d’amour ? »
Je n’ai pas envie qu’il parte ; J’ai juste besoin qu’il continue de me parler jusqu’à ce que l’été revienne, emportant le danger.
Mais subrepticement, il jette un œil sur sa montre, comme ça, sans doute parce que c’est plus fort que lui. Cela me contrarie. Nous étions bien tous les deux : lui à me réchauffer de sa voix et moi à l’écouter, le corps suspendu au timbre de ses mots qui chantent dans ma tête. Voilà qu’il trahit ce moment béni détournant son regard de moi….Pour cet objet maudit, qui nous rappelle, au poignet, les secondes nous séparant de la mort. J’ai soudain envie de le tuer. Je songe à prendre ce grand couteau qui est rangé sous les plaques électriques, un couteau à découper la viande qui pénétrerait sans mal.
« Que faites vous ce soir ? Je peux vous préparer à dîner, enchaîne t il. Cela me ferait plaisir de partager un repas avec vous.»
A défaut de rompre ses chairs, je romprai donc sa solitude. Quelque chose me dit que ce sont mes chairs à moi qui vont encore être pétries, écrasées incendiées.
D’accord. Je viendrai. A quelle heure ?
C’est alors qu’il me dit cette réponse étrange. Pour une fois les mots se sont rangés correctement dans mon cerveau et j’ai su à l’instant précis où ils prenaient tout leur sens dans mon hémisphère gauche que lui, cet homme là, venait de me livrer les clés de mon salut :
« Lorsque l’ombre du cadran solaire de l’hôtel de Barral viendra mourir sur  la façade, alors vous prendrez le chemin de ma maison. Excusez-moi je n’ai pas pu m’empêcher, c’est une des phrases de la nouvelle que je cherche à écrire. Venez vers dix-neuf heures si cela vous convient.»
 Comment avais-je pu être aveugle à ce point ?
La nuit même, armée d’un marteau  je vais à l’hôtel de Barral. Je n’en reviens pas ! Tous les signes sont là : le coquillage, si lourd à porter pour l’ange,celui que j’aurais dû rester,  le signe du pélerinage qui le mènerait jusqu’à moi, le Dieu Pan qu’il incarne sous le cadran solaire. Si proches de moi depuis le début ! Je commence par enjamber la fontaine afin de délivrer l’ange du poids de ce coquillage maudit. Avec application je détruis l’indécente huître de pierre ouverte à tous vents en préservant la tendre chevelure minérale. Puis débordant d’une sorte de joie sauvage et féroce, je m’acharne sur le Dieu Pan qui joue de sa flûte maudite sur un piédestal au milieu de la façade sud. Je le frappe de toutes mes forces et à chaque morceau qui tombe, c’est  lui qui meurt et moi qui revis.
« Vous êtes en retard, me dit-il, je m’inquiétais »
« Ne vous inquiétez plus. Il fallait que je me délivre, c’est la raison de mon retard…. »

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Il n’y a pas si longtemps naquit un garçon
dans l’hôtel de Barral.
Dans cette superbe demeure,
ce Garçon, plutôt gâté par la nature
reçu de ses parents qui l’adoraient,
un présent inattendu pour son premier anniversaire.

Comme il était né sous le signe du Rat
dans l’horoscope chinois, ils lui offrirent
un superbe rat blanc qui devint son ange gardien.
Or ce rat avait le pouvoir de faire deux cadeaux
à la personne qu’il devait protéger :
deux cadeaux
au cours de la vie du Garçon.

Le Rat décida que le Garçon serait doué pour le bonheur
qu’il aimerait la vie et que la vie l’aimerait.

Ce fut un très beau cadeau
que reçut le Garçon.

Un jour le Garçon quitta ses parents
sans doute influencé par cette coquille St Jacques
ornant l’entrée de la maison familiale,
il suivit le chemin de  Compostelle.
Il traversa la France
avec la tranquille assurance
de celui qui se sait protégé et aimé.

Un jour quelqu’un lui parla d’une divine artiste
dansant et chantant à la perfection.
Elle n’avait qu’un seul problème :
elle ne souriait jamais, ne riait jamais.
Comble de malheur, elle faisait sombrer
quiconque l’approchait de trop près
dans une profonde mélancolie.
Le Garçon, présomptueux, riant intérieurement
pensa que la Divine
ne résisterait pas à son sourire enjôleur
et il se faisait fort de le lui communiquer.

le Garçon plut tout de suite à la jeune femme
qui l’invita chaque jour chez elle.
Hélas rapidement l’histoire commença à peser au Garçon.
En effet la Divine était toujours triste,
elle le regardait de ses grands yeux noirs mélancoliques,
le Garçon en avait froid dans le dos.
Alors il entra dans une grande douleur.
Il se réfugia au fond d’une grotte pour réfléchir.
Il appela son Rat pour lui demander conseil : 
« Rat Blanc, toi qui m’a donné un cadeau inestimable
ne peux-tu offrir à la Divine d’être heureuse ? »

Mais le Rat n’avait que deux cadeaux à faire
au Garçon pour toute sa vie
et le second était déjà établi :
le Rat avait prévu de conserver pour le Garçon
la demeure où il était né,
l’hôtel de Barral,
qui jamais grâce à son influence ne pourrait lui être retiré.

Toutefois le Garçon pouvait choisir de renoncer à ce cadeau pour que le rat puisse
faire un autre don à la femme qu’il aimait.

Le Garçon mortifié vit en un éclair les vitres de l’hôtel de Barral
comme soufflées par une déflagration
et sa maison native s’effondrer dans un chaos de poussière.
Il réfléchit encore le cœur tordu de douleur
Il parla longuement avec le Rat,
Puis en arriva à cette conclusion :
« j’aime la Divine, je ne peux pas être heureux si elle est malheureuse
elle n’a pas eu la chance d’être dotée du goût de vivre, 
je lui donne le dernier cadeau qui m’était réservé »

La jeune femme reçut le cadeau du Rat Blanc
elle le remercia et remercia le Garçon.
Puis d’un coup,
un sourire d’ange, fin et lumineux
la transfigura.
Le Garçon, fou de joie
sut qu’il avait eu raison d’être généreux.

La Divine devint la plus heureuse des femmes
auprès du Garçon qui aimait la vie ;
Mais c’est ainsi que plus jamais le Garçon ne revit sa maison.
Ses parents, sur un coup de tête inexpliqué,
vendirent l’hôtel de Barral sans en souffler mot à quiconque,
et allèrent s’installer
dans une île où il fait toujours beau.

CM

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Laissant des empreintes dans notre folklore, certains lieux entachés d’un secret soulèvent encore après des millénaires des questions, inspirant crainte ou désir, trouvant toujours écho en notre for intérieur. De cette demeure, l’on m’a narré cette courte légende que je vous confie aujourd’hui, qui bien que vide de tout surnaturel, est néanmoins merveilleuse.

Devant le porche, la calèche s’immobilisait. Les cloches sonnaient, il était l’heure. Une main se glissait, furtive ; les rideaux s’entrouvraient. Il pleuvait là dehors, la pluie perlait sur le carreau juste dévoilé. La majestueuse bâtisse, alors criante d’un silence étouffant, semblait avoir été désertée. Pourtant, aux bruissements de la fontaine se mêlaient, espoir ou réalité, les craquements d’un couloir arpenté par le doute d’un incessant va et vient.

Mais personne jamais ne sortait. Les cloches retentissaient alors de nouveau, sonnant le glas de l’attente. Le cocher, toujours impassible et raide, ranimait d’un claquement de rênes les chevaux. Leurs sabots s’éloignaient pesamment, halant la calèche, rideaux tirés.

Ainsi, chaque jour, la calèche se présentait, mue par l’espérance d’un lendemain autre qui jamais ne vint.
Personne n’a jamais vraiment su, même si de nombreuses langues aisément sifflaient de jalouses affabulations, qui même antagonistes, concordent vers la même énigme : de tous temps, même par grande sècheresse, il se raconte que la fontaine ne s’est jamais tarie.

Emplie de pleurs de douleur déçue, de colère ou bien même encore, comme certains le murmurent, des larmes de compassion de sa Statue, seule témoin ayant résisté au défilement des siècles ?

Entre rêves et mythes, le voile ne s’est jamais levé.

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20080125-P1000344

En cette année 1351, alors que la lignée des Valois s’installait sur le trône de France, les « jacquets », pèlerins en partance pour Compostelle, s’étaient rassemblés sur la Grand Place de Soissons, devant ce qui allait être, bien des années plus tard, l’hôtel de Barral.
Une statue représentant un Ange avec une coquille sur la tête matérialisait le lieu de rassemblement, comme il était d’usage dans de nombreuses villes de France pourvoyeuses de pèlerins.

« Comme chante le voyageur, chante, mais marche. Ne cultive pas la paresse, chante pour soutenir ton effort !
Sans t’égarer, sans reculer, sans piétiner, chante et marche ! »

Jean avait en tête cette homélie de Saint Augustin. C’est à cet appel impérieux qu’il avait répondu, résolu à marcher vers la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle.
Pendant trois ans, de 1348 à 1350, la Peste noire avait ravagé la région de Soissons et il lui avait payé un lourd tribut. Sa femme et ses deux enfants étaient morts. Autrefois son fils ainé l’aidait dans son échoppe de maréchal-ferrant et il avait fondé l’espoir qu’un jour il le remplacerait. Tout cela avait été emporté en quelques jours et maintenant il ne lui restait plus que sa foi pour le soutenir. Pourtant, le soir où les yeux de sa femme s’étaient figés grands ouverts sur l’au-delà, il avait maudit Dieu ! C’était pour expier ce terrible péché mortel qu’il entreprenait ce pèlerinage.

La route serait longue mais le temps ne comptait pas. D’ailleurs il ne connaissait pas la route à faire. Un moine les guiderai, d’abord jusqu’à Paris, à la Tour Saint Jacques, à travers les forêts de Villers-Cotterêts et du Valois, puis vers Vézelay. Après c’était l’inconnu et ses dangers. On racontait que les « coquillards » au détour d’un chemin forestier, profitaient de l’aubaine du pèlerinage pour détrousser, et quelquefois tuer, les pèlerins désarmés.
Jean avait une petite chambre à la Cayenne des Compagnons de la Maréchalerie. Il souffla sa bougie et s’endormit en pensant à sa femme. Il fit un rêve étrange et prémonitoire.
Il se voyait, au retour de pèlerinage, épouser la belle Geneviève, sa payse de Saint Crépin restée veuve à 24 ans.
De son ventre fécond naissait une lignée : la sienne. Au fil des années elle s’enrichissait de garçons et de filles formant une foule si nombreuse qu’il avait du mal à en évaluer le nombre. Alors, dans son rêve, il vit l’un d’entres eux, visitant la Grand Place de Soissons, s’arrêter devant la statue de l’Ange au coquillage muni d’un étrange boitier auquel il collait son œil. Il eut alors la certitude que l’histoire de son pèlerinage, celle qui avait marqué sa renaissance, serait immortalisée un jour par son lointain descendant.

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Popom, popom, je sens mon cœur battre, mon pauvre cœur d’homme. Popom, popom, soixante huit ans qu’il bat pour vous, mon Seigneur Je n’en peux plus !
Comment pourrais-je alors que j’ai dépassé l’âge de la retraite, assumer la trentaine de clochers de l’est du soissonnais et récupérer encore les quarante clochers de la paroisse voisine de Vailly sur Aisne ?
Doubler mon champ d’action ? A mon âge ?
Il n’y a donc plus d’homme qui vous aime assez pour accepter une vie de prêtre, mon Dieu ?
Où se cache la foi des pêcheurs ?
Comment leur faire découvrir le bonheur de vous servir au sein de votre église, leur faire sentir cette extraordinaire paix de l’âme enveloppée en permanence de votre lumière ?

Popom, popom, Mon dieu, mon cœur est empli de votre amour et pourtant je sens qu’il fatigue. Comment pourrais-je être l’homme aux 71 clochers ? A-t-on vu pareil sacerdoce ?
20 000 âmes en charge ! Lorsque j’ai été ordonné, il y avait un prêtre pour 2500 habitants. Ce qui me semblait déjà bien difficile !

Je te regarde toi ma cathédrale. Toi que je sers depuis trente ans. Tu as su rester debout. Tu as reçu vingt sept obus et tu es restée debout.
J’aime ton portail réduit à une simplicité virginale même si c’est un massacre humain qui l’a provoqué.
Tu as vu pourtant tes fidèles, petit à petit, déserter tes bancs. La lumière des cierges qui réchauffait ta nef s’est assombrie, la chaleur qui régnait en toute saison en ton sein, n’existe plus en hiver, faute de moyen. Les porte-monnaie sont avares du peu de sous qu’ils contiennent. Les hommes ne pensent plus à leurs âmes. J’ai bien peur que la préoccupation de leur corps leur prenne tout leur temps !

Face au portail de la cathédrale le curé cherche à reprendre son souffle.
Popom, po…… pom murmure son cœur. Il lève les yeux sur l’unique tour dressée. Puis il s’écroule, les yeux tournés vers le ciel, terrassé par une crise cardiaque,
seul sur le parvis de la cathédrale de Soissons.

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Cathédrale ou Marché
les deux sont accotés le samedi à Soissons

D’un côté, le magnifique nouveau parvis
(nota bene : chercher l’accès pour les handicapés)
superbe vue sur des rues à l’air fermé
exemple : l’Echelle du Temple

De l’autre côté : les marchands du temple ?
non, un sacré paquet d’étals
en plein air ou dans les halles
on y trouve tout, de la viande aux bigoudis

La marchandise peut être trompeuse
mais pas plus qu’en marché de religion
où maîtres à penser et nouveaux gourous s’entendent assez bien
pour proposer hors de prix des gris-gris de tous acabits

Cet étal -là, au pied de la cathédrale
côté marché, laisse à penser…

S’y côtoient poulets, lapins, pintades et dindons
toutes bêtes encore vivantes,
bonnes à se reproduire
ou à se faire dûment plumer
avant d’être becquetées de la crête au croupion

La clientèle en majorité musulmane
n’a peut-être jamais fait le tour de la cathédrale
et pénétré, derrière les vitraux, dans la nef restaurée
où les ouailles disposent de plus de place que la volaille en cage
pour prier en cœur, demander à Dieu un sursis de santé et de vie,
se faire le baiser de la paix avant de se séparer pour la semaine
oser se marier et courir le risque de parfois “produire”
des enfants tiraillés entre deux familles
qui se les disputent à coût de jouets

En tout cas le samedi, place Fernand Marquigny,
on communie, on communique
dans le plaisir de vendre ou d’acheter,
un temps béni dans cet univers aussi marchand soit-il

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