Archives pour février 26th, 2008

Il n’y a pas si longtemps naquit un garçon
dans l’hôtel de Barral.
Dans cette superbe demeure,
ce Garçon, plutôt gâté par la nature
reçu de ses parents qui l’adoraient,
un présent inattendu pour son premier anniversaire.

Comme il était né sous le signe du Rat
dans l’horoscope chinois, ils lui offrirent
un superbe rat blanc qui devint son ange gardien.
Or ce rat avait le pouvoir de faire deux cadeaux
à la personne qu’il devait protéger :
deux cadeaux
au cours de la vie du Garçon.

Le Rat décida que le Garçon serait doué pour le bonheur
qu’il aimerait la vie et que la vie l’aimerait.

Ce fut un très beau cadeau
que reçut le Garçon.

Un jour le Garçon quitta ses parents
sans doute influencé par cette coquille St Jacques
ornant l’entrée de la maison familiale,
il suivit le chemin de  Compostelle.
Il traversa la France
avec la tranquille assurance
de celui qui se sait protégé et aimé.

Un jour quelqu’un lui parla d’une divine artiste
dansant et chantant à la perfection.
Elle n’avait qu’un seul problème :
elle ne souriait jamais, ne riait jamais.
Comble de malheur, elle faisait sombrer
quiconque l’approchait de trop près
dans une profonde mélancolie.
Le Garçon, présomptueux, riant intérieurement
pensa que la Divine
ne résisterait pas à son sourire enjôleur
et il se faisait fort de le lui communiquer.

le Garçon plut tout de suite à la jeune femme
qui l’invita chaque jour chez elle.
Hélas rapidement l’histoire commença à peser au Garçon.
En effet la Divine était toujours triste,
elle le regardait de ses grands yeux noirs mélancoliques,
le Garçon en avait froid dans le dos.
Alors il entra dans une grande douleur.
Il se réfugia au fond d’une grotte pour réfléchir.
Il appela son Rat pour lui demander conseil : 
« Rat Blanc, toi qui m’a donné un cadeau inestimable
ne peux-tu offrir à la Divine d’être heureuse ? »

Mais le Rat n’avait que deux cadeaux à faire
au Garçon pour toute sa vie
et le second était déjà établi :
le Rat avait prévu de conserver pour le Garçon
la demeure où il était né,
l’hôtel de Barral,
qui jamais grâce à son influence ne pourrait lui être retiré.

Toutefois le Garçon pouvait choisir de renoncer à ce cadeau pour que le rat puisse
faire un autre don à la femme qu’il aimait.

Le Garçon mortifié vit en un éclair les vitres de l’hôtel de Barral
comme soufflées par une déflagration
et sa maison native s’effondrer dans un chaos de poussière.
Il réfléchit encore le cœur tordu de douleur
Il parla longuement avec le Rat,
Puis en arriva à cette conclusion :
« j’aime la Divine, je ne peux pas être heureux si elle est malheureuse
elle n’a pas eu la chance d’être dotée du goût de vivre, 
je lui donne le dernier cadeau qui m’était réservé »

La jeune femme reçut le cadeau du Rat Blanc
elle le remercia et remercia le Garçon.
Puis d’un coup,
un sourire d’ange, fin et lumineux
la transfigura.
Le Garçon, fou de joie
sut qu’il avait eu raison d’être généreux.

La Divine devint la plus heureuse des femmes
auprès du Garçon qui aimait la vie ;
Mais c’est ainsi que plus jamais le Garçon ne revit sa maison.
Ses parents, sur un coup de tête inexpliqué,
vendirent l’hôtel de Barral sans en souffler mot à quiconque,
et allèrent s’installer
dans une île où il fait toujours beau.

CM

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Laissant des empreintes dans notre folklore, certains lieux entachés d’un secret soulèvent encore après des millénaires des questions, inspirant crainte ou désir, trouvant toujours écho en notre for intérieur. De cette demeure, l’on m’a narré cette courte légende que je vous confie aujourd’hui, qui bien que vide de tout surnaturel, est néanmoins merveilleuse.

Devant le porche, la calèche s’immobilisait. Les cloches sonnaient, il était l’heure. Une main se glissait, furtive ; les rideaux s’entrouvraient. Il pleuvait là dehors, la pluie perlait sur le carreau juste dévoilé. La majestueuse bâtisse, alors criante d’un silence étouffant, semblait avoir été désertée. Pourtant, aux bruissements de la fontaine se mêlaient, espoir ou réalité, les craquements d’un couloir arpenté par le doute d’un incessant va et vient.

Mais personne jamais ne sortait. Les cloches retentissaient alors de nouveau, sonnant le glas de l’attente. Le cocher, toujours impassible et raide, ranimait d’un claquement de rênes les chevaux. Leurs sabots s’éloignaient pesamment, halant la calèche, rideaux tirés.

Ainsi, chaque jour, la calèche se présentait, mue par l’espérance d’un lendemain autre qui jamais ne vint.
Personne n’a jamais vraiment su, même si de nombreuses langues aisément sifflaient de jalouses affabulations, qui même antagonistes, concordent vers la même énigme : de tous temps, même par grande sècheresse, il se raconte que la fontaine ne s’est jamais tarie.

Emplie de pleurs de douleur déçue, de colère ou bien même encore, comme certains le murmurent, des larmes de compassion de sa Statue, seule témoin ayant résisté au défilement des siècles ?

Entre rêves et mythes, le voile ne s’est jamais levé.

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