Archives pour mars 12th, 2008

Gustave pousse les grilles du parc. « Dieu que c’est beau, trop beau pour moi dit-il ». Pourtant il avance à pas mesurés sur le gravier. Ne va-t-il pas se faire jeter, jeter comme partout, où il cherche un abri pour cacher sa misère. Non ! là personne ne cherche à le chasser.

Bien sûr le parc est un peu vide à cette heure matinale. Le gardien Félix est là-bas nettoyant le parterre central. Il a bien remarqué Gustave, mais bon ! le joli jardin lui agrémentera peut-être un peu sa vie. Gustave est en galère. Il y a déjà quelques années qu’il est sans travail. Le travail ayant disparu, les allocations aussi avec le temps… La femme a son tour est partie, avec les enfants. Pas d’allocations, pas de logement ; pas de logement pas de lessive, pas de douche, pas de toilettes… rien ! la rue ! Ca fait un an qu’il bat le pavé, à la recherche de nourriture. Bien qu’il ait honte il tend la main devant la grande Poste. Les gens sont habitués à le voir, ils lui glissent une petite pièce, quelquefois un casse-croûte…

Le gardien se redresse, il regarde Gustave se diriger vers le banc près de l’entrée et s’y asseoir. Tout de suite un couple de vieilles personnes modifie sa trajectoire pour éviter le SDF… D’autres suivront leur exemple, tout au long de la matinée.

Seuls les pigeons s’approchent, Gustave leur distribue les miettes d’un quignon de pain. Les moineaux voudraient bien en profiter aussi, mais pas question : « chasse gardée » ont dit les pigeons. Un gros chat arrive à son tour, il fait fuir les ramiers ; Gustave tend la main pour le caresser, Minou méfiant reste à distance… petit à petit pourtant il se rapproche, lui aussi a besoin de chaleur. Finalement en s’étirant, en faisant le gros dos, il saute sur le banc et vient se blottir sous le coude de Gustave. « Enfin, se dit celui-ci, une bête qui ne me repousse pas ! »

La matinée s’avance, le soleil n’est pas au rendez-vous, mais il ne pleut pas, la température est douce en ce début de printemps. Les bourgeons s ‘étirent et les feuilles montrent leur bout de nez vert clair. Gustave s’assoupit. Il est bien, il a certes le ventre un peu creux, mais il en a l’habitude. Tout à l’heure il trouvera bien un bout de pain avec un morceau de camembert ; un petit verre de vin lui réchaufferait le cœur, mais là, il ne faut pas rêver…

Maououh !!! Gustave est réveillé en sursaut, le chat s’échappe en colère, il vient de recevoir sur la tête le ballon du petit Joris… Le garçon s’approche tout penaud et dit : « Excusez-moi Monsieur ! j’ai fait mal à votre chat ?

- Oh non, bougonne Gustave, mais tu es bien gentil quand même ! Comment t’appelles-tu ?

- Joris, Monsieur !

- Tu es tout seul ?

- Oh non, répond l’enfant je suis avec ma mamie, vous la voyez là-bas, elle discute avec son amie.

Gustave aperçoit, en effet, deux dames assises, sur un banc voisin ; « Tiens, se dit-il je ne leur ai pas fait peur »

«  - Laquelle est ta mamie ?

- Oh ! c’est celle qui a le foulard beige !

- Ah ! je vois dit Gustave .

Tout à coup, la dame en question s’écroule… comme foudroyée ! L’amie qui l’accompagne, sidérée, essaie de la relever, sans succès. Elle finit par appeler à l’aide. Gustave se précipite tenant Joris par la main …

« Monsieur, lui dit la dame, qui que vous soyez, aidez-moi, allez chercher du secours !!!

- Soyez rassurée, Madame je vais prévenir le gardien !

Un quart d’heure plus tard, les pompiers arrivent et réussissent à ranimer la mamie. « Merci Monsieur, lui dit son amie, grâce à vous, je crois que Joris gardera sa Grand-Mère ! » Gustave rejoint son banc, haussant les épaules… « Bah ! se dit-il je n’ai rien fait d’extraordinaire ! ».

Huit jours plus tard, Gustave, revient devant les grilles du parc. Va-t-il y passer à nouveau la journée ? « Bah ! se dit-il là, ou ailleurs ! ». Dés qu’il le voit, le gardien, Félix, se précipite et lui dit :

«  Gustave, il faut que tu te présentes à la mairie !

- Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? dit Gustave, apeuré, inquiet ..

- Au contraire ! c’est une bonne nouvelle. L’autre jour, c’est pour la femme du maire, que tu es venu me prévenir… Alors pour te remercier on t’a déniché un boulot !

- Ah ! mais où ?

- Ca je ne sais pas, lui répond Félix, mais en, tout cas tu as intérêt à te présenter !

- C’est que, justement, je ne suis pas présentable ! grommelle Gustave . »

Jean-Louis.

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