Archives pour avril 20th, 2008

Regarde bien petit,… ces clochettes bleuissant le sous-bois, ces troncs d’arbre se couvrant de leur parure verte d’été… Ils donnent envie d’avancer sous la voûte des branches, de fouler le tapis de mousses…

Ecoute bien petit,… Entends-tu les merles qui se chipotent, le coucou du mois d’avril, le glissement de la brise sur les feuilles…

Respire cette tranquillité qui passe sous la frondaison ; chaque chose est à sa place. Tu foules le sol, il est souple sous tes pas, les mousses absorbent le bruit de tes bottes, quelques brindilles craquent et rompent le silence…

J’ai vécu ici d’autres paysages, d’autres fureurs, d’autres apocalypses. Ici dans un horizon de guerre, je voyais des arbres qui dressaient leurs bras lamentables, inutiles, décharnés ; pas de verdure ; des amas de fil de fer rouillés, des rails, du matériel tordu, déchiqueté, informe…

Et cette terre labourée par les obus, dans un vacarme infernal, du sol jaillissaient des protubérances noires, comme des bouffées qui se développaient, montaient lentement au ciel et s’étalaient en éventails ou en panaches monstrueux.. Jamais la forge infernale ne s’arrêtait…

Les journées s’écoulaient dans cet horizon secoué par les coups brusques donnés par les obus tombant sur les lignes et les boyaux.. Lorsqu’il pleuvait les tranchées étaient des ruisseaux de boue dans lesquels on s’enlisait…

En regardant ce paysage si calme tu ne peux pas imaginer l’enfer que les hommes ont vécu ici.

Mais d’autres hommes sont venus. Ils se sont attachés à redonner vie à cette terre : il a fallu arracher les carcasses de fer, déminer les obus, reboucher les cratères. A chaque printemps revenu, la nature a lancé sa vigueur, les taillis ont refait racine, pansant les plaies de ces sols bousculés, ensanglantés, martyrisés… Il en a fallu des années à ces hommes pour refaire une surface reposante, alors qu’en une nuit le feu des canons et des avions bouleversait ce paysage…

Souviens-toi petit,…détruire a été très vite et a conduit à l’enfer, derrière construire a demandé beaucoup de patience et de ténacité, mais nous donne, maintenant, le bonheur de ce sous-bois.

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