Archives pour juillet 31st, 2008

IMGP0219 « Un jour, aux environs de midi, en me dirigeant vers ma barque, une chose m’a formidablement surpris : j’ai vu une empreinte de pied humain nu sur le rivage, clairement dessinée dans le sable. »

A ce moment célèbre dans la littérature, la longue soif de contact humain de Robinson Crusoë, seul survivant d’un naufrage, rentre en collision avec sa peur de l’autre. Il se cache.

En posant son pied, l’inconnu venu de l’Océan avait créé la particule élémentaire d’un système complexe de communication. Si d’autres l’avaient suivi nombreux et souvent, il se serait formé, pas à pas, un chemin.

Autour de Villeblain, hameau dans la vallée de la Crise, les chemins qui partent vers les quatre points cardinaux sont comme des artères du système circulatoire de ceux – rares aujourd’hui – qui les pratiquent. Par le marais Haudrillier ou le champ de La Matrelle en bas, ou vers les bois du Phénix ou de Concrois en haut, ce sont les traces d’une intention collective durable : « Allons-y ».

Prendre le chemin qui monte à Terres Fortes . Passer devant les dernières maisons, en soutenant le feu roulant des aboiements de chiens, enfermés mais qui doivent rassurer leurs propriétaires en vous faisant croire qu’ils vous arracheraient la gorge s’ils pouvaient. Après, le silence marmonnant et gazouillant d’un chemin creux, entre champs à droite et bois à gauche. Une fourmilière paraît y avoir été déversée par un passant. Percevoir l’entrée de la carrière qui a donné sa pierre couleur crème pour construire le hameau, puis servi de chevrière et, pendant la dernière guerre, d’abri pour les soldats allemands – « avec un piano ! » dit-on pour impressionner les nouveaux. Longer le champ de Terres Fortes, au relief tout en courbes, et où le soc fait monter encore des cailloux dont on fait des tumulus pour les enlever. Entrer dans le bois de Concrois parsemé de creux, comme si des bêtes s’y étaient roulées, faits par des obus pendant la Grande guerre. Il y a même des tranchées à moitié gommées. Aucun endroit, si paisible qu’il soit, n’est à l’abri de l’histoire.

Sortir des bois sur les champs du plateau et atteindre le hameau de Taux, d’où part un second chemin qui redescend à Villeblain à travers les bois. Arriver au marais d’Haudrillier, où le chemin passe au milieu d’un grand champ. Avant, au centre de gravité de cette étendue, il régnait en monarque bienveillant et généreux un grand noyer, abattu pour avoir empêché les longs bras d’une machine agricole de virer librement. Des plantations de peupliers et d’anciens pâtures et vergers mènent à Villeblain, en face du « château » (dont le propriétaire dit « Une maison bourgeoise du 19e siècle, c’est tout. »)

Un chemin peut se développer, supporter une circulation importante, même des véhicules. A quel stade devient-il une route ? Sans doute lorsque deux voies sont établies sur la chaussée, établissant la séparation des voyageurs, au lieu de favoriser leur rencontre.

Car comme pour Crusoë, la question qui importe est de savoir, non pas où va un chemin, mais qui y va.

Aucun tag pour cet article.

Ecrits relatifs

Comments Pas de commentaire »

 

A l’origine, la terre appartenait à cinq géants.
Ils vivaient tranquilles, au début.
Les géants étaient tellement imposants qu’ils occupaient tout le globe terrestre.
Ils cultivaient toute les terres car ils avaient grand appétit et ils mangeaient les récoltes jusqu’au dernier grain de blé.
Ils se désaltéraient dans l’eau des rivières et des différentes mers qui à l’époque  n’étaient pas salées.
Ils prenaient des bains et faisaient également leur lessive grâce à toute cette eau et ils en avaient juste assez pour eux cinq!

Mais un jour, un êvenement fit basculer la vie paisible des cinq géants.
Le plus jeune d’entre eux, qui était aussi le plus gai et le plus drôle adopta un comportement étrange.
Il perdit d’un coup son humeur joyeuse et se mit en tête une bizarre lubie:
il décréta que dorénavant il ne mangerait plus que du poisson.
C’etait selon lui, un aliment qui le rendait plus intelligent que les autres géants.
Il prétendait que le fait d’en consommer, lui donnait toujours dans les heures qui suivaient, des idées extraordinaires.

Il se mit alors à avaler toute l’eau de la planète, car il ne savait pas pêcher d’aussi petites bestioles avec ses mains et ses doigts de géant.
Il devenait méchant avec les autres géants quand ils essayaient de s’approcher de l’eau pour boire.
Rapidement les autres géants commencèrent à souffrir de la soif.

Ils auraient pu neutraliser le jeune géant car seul contre quatre, il ne faisait pas le poids, mais les géants étaient très doux et pacifiques.
Employer la force n’était pas dans leurs principes.
Ils se mirent à réfléchir afin de trouver une stratégie.
Il fallait, de l’avis général verser une substance dans l’eau qui dégoûterait le jeune géant d’en boire!
Mais il ne fallait pas tuer les poissons!

Ils décidèrent d’ expérimenter différents produits dans une toute petite mer, la Ligure, petit creux dans l’aisselle de la France et de l’Italie.
Ils commencèrent par verser du sel avec précaution.
Celà ne sembla pas perturber les poissons.
Ils en versèrent encore et encore et aucun poisson ne broncha.
Quand les quatre géants eurent estimé que l’eau avait pris un goût suffisamment immonde, ils firent un test auprés du plus jeune d’entre eux, prétextant lui offrir un verre.
Le jeune géant, à la première gorgée fit une horrible grimace.
“Qui a salé cette eau? C’est imbuvable!”
A cette remarque les autres géants se précipitèrent avec d’énormes salières pour saupoudrer toutes les mers et tous les océans du monde.
“Maintenant, dirent-ils au plus jeune, si tu ne veux pas mourir de soif avec nous il va falloir que tu partages l’eau des rivières, sinon, nous les salerons aussi!”

Le jeune géant reprit vite ses esprits car il n’avait aucune envie de mourir.
Il laissa les poissons tranquilles et prit grand soin des rivières et des lacs car ils étaient devenus les seuls points d’eau à même de le désaltérer.
C’est ainsi que le lac de Monampteuil échappa à la salière des géants et que  l’eau y est restée si douce.

               CM

Aucun tag pour cet article.

Ecrits relatifs

Comments Un commentaire »