Avant propos:  C’est ici, le souvenir d’une balade sur les chemins de  la première guerre mondiale, que je veux vous conter. C’est le souvenir d’entendre presque un siècle plus tard, les âmes qui hantent encore  la Picardie, quand le vent s’engouffre entre les croix des cimetières militaires, et  sur le plateau de Californie.

Sans oublier ce triste refrain, qui m’a accompagné tout au long de l’écriture: AUTEUR INCONNU “  La Chanson de Craonne”

Enfin, ERICH MARIA REMARQUE “A l’OUEST RIEN DE NOUVEAU:”
“Pardonne moi, camarade: comment as tu pu être mon ennemi? Si nous jetons ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère.”

Karl ou Walter
Etrangers a cette terre
Sans vie, face écrasée
Les vivants gueules cassées.

A Parcy Tigny, ailleurs, ici,
Au plateau de Californie
Et le vieux Craonne
Plus de maisons, plus personne.

Avant cette pluie d’obus,
Te souviens-tu?
Les rires d’Adelaîde et Victoire
Chemin de Dames devenu si noir.

J’avais là bas,
Une belle, que je prenais dans mes bras.
J’avais de l’autre côté du Rhin,
Une mère rongée de chagrin.

Dans le matin blême,
Le souvenir de Brême,
Et Berlin,
Et ses putains.

Quatre ans déjà,
Comme aux Eparges, là bas.
Le feu, la mitraille,
L’odeur des entrailles.

Que restera-t-il?
Un chant, un hymne.
Croix de bois, Croix de fer,
Et ces cimetières.

Passant anonymne,
Ecoute de l’abîme,
Ce chant lugubre de nos jeunes années,
Mortes avant d’aimer.

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2 réponses à “Chanson triste pour Karl et Walter.”
  1. Jean dit :

    Merci Christine,
    votre poème est très beau.
    A propos de citations il y a aussi celui d’Aragon : “Est-ce ainsi que les hommes vivent ?” mais c’était une autre guerre…

  2. manoleta dit :

    Merci Christine pour ce beau poème qui s’étire comme une longue plainte. Ces croix, noires ou blanches ( la couleur n’est pas, je l’espère, en rapport avec la patrie d’appartenance… ) ces croix continuent de témoigner de la folie des hommes et du cynisme des va-t-en-guerre.

    Mon père avait 17 ans en 14, et il a dû attendre 1915 pour s’engager, encouragé par son propre père. De toute sa longue vie, il n’a jamais voulu évoquer ses années de guerre. Ce n’est que beaucoup plus tard, ayant lu les Paroles de poilus, que j’ai mesuré la violence qu’il avait subie à l’adolescence. Il en est revenu, d’autres non. Il nous a donné la vie. Il en est revenu mort au dedans de lui.

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