Archives pour décembre 19th, 2008


11 novembre 1918 - C’est en octobre 1914, le 25 , que les «  fedwebel » sont venus apprendre à Maria, que Ludwig son mari avait été tué, en terre ennemie, en France. Depuis, elle espérait que les troupes allemandes occuperaient ce pays, comme en 1870, et qu’elle pourrait retrouver sa tombe. Elle avait bon espoir de ramener son corps reposer au village, à Wasmanroth, près de Francfort.

Eduard, leur fils, va sur quatre ans. Elle entretient  avec lui, le souvenir de ce père qu’il n’avait jamais connu. Avec la signature de l’armistice, elle sait qu’elle ne retrouvera pas son aimé, son chéri, qu’elle ne pourra jamais plus retrouver le creux de son épaule, pour y reposer sa tête.

Elle devra continuer à conduire, toute seule, la ferme où ils se sont installés en 1910. Au pays, la révolution a chassé le Kaiser, l’avenir est sombre.

« Qu’allons-nous devenir, se dit-elle ? Et Eduard comment va-t-il grandir sans toi ? Où est ton épaule Ludwig ? ton sourire, ta chaleur, ta force, tes bras me manquent ! »


1942 - C’est de nouveau la guerre. Mais cette fois l’Allemagne a envahi la France. Elle est à Paris depuis deux ans.

Maria, aidée de Eduard, a réussi à la ferme. Le fils devenu grand est d’un bon secours à sa mère. C’est un vrai soutien de famille. Il y a quatre ans, il a épousé Thérèsa qui lui a donné un beau petit garçon Hans Pieter. C’est tout le portrait de son Grand Père Ludwig.

Mais Eduard a du rejoindre la Wehrmarcht. Depuis six mois il est stationné en France. Sur la demande expresse de sa mère, il s’est mis à la recherche de lieu de sépulture de son père. Il a enfin trouvé, c’est à Parcy-Tigny !

Depuis qu’elle le sait, Maria supplie qu’on la laisse y aller…Mais Eduard, lui déconseille. Les trains sont souvent bombardés, les chemins de fer sont régulièrement dynamités… C’est trop dangereux ! D’ailleurs, elle n’obtient pas le sauf-conduit et Eduard doit rejoindre le front russe.

Maria pleure, désespérée… Pourra-t-elle, un jour, venir prier sur la tombe de Ludwig ?


C’est pour son soixante-dixième anniversaire que son petit-fils et sa belle-fille lui ont payé le voyage. En 1964 l’Allemagne et la France sont enfin réconciliées !

Grâce aux notes laissées par Eduard, qui à son tour a été tué à Stalingrad, Hans Pieter et Thérèsa ont pu faire cette surprise à Maria.

Elle est enfin là entre les croix de bois, son cher Ludwig à ses pieds. Elle lui murmure : «  70 ans d’âge et seulement 4 ans de vie commune. J’aurais vécu plus de temps avec une ombre, qu’avec toi en chair et en os ! Tu vois maintenant c’est la paix et c’est heureux ! Mais toi pourquoi es-tu venu verser ton sang ici ? Pourquoi ? Pour qui ? Warum (pourquoi) la guerre ? ».

Maria, appuyée sur ses enfants pleure… et, sur cette terre apaisée, ses larmes vont rejoindre le sang de Ludwig !


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