Archives pour mai, 2009

nain-de-jardin_mod

Le jour émerge de la nuit sur nos jardins, avale les ombres, et fait croire à la bienveillance lumineuse.

Aux yeux diurnes, les nains qui y habitent sont d’excellents petits bonhommes, petites bonnes femmes. Il ne nous veulent que du bien. Regardez celui-là qui met sa brouette à notre disposition, celui-ci qui ratisse les feuilles, même quand il n’y en a pas. Un brave monsieur, les bras croisés sous sa barbe, surveille son monde avec satisfaction,. Un nain astronome scrute au petit télescope les étoiles naines (les autres se cachent déjà derrière la lumière). Dans un coin, une naine fait commerce, assise sur son banc avec son panier rempli d’œufs de la taille d’une crotte de lapin, pondus par ses poules doublement naines. Un pêcheur sur un tabouret, les jambes croisées, fait preuve d’une patience géologique, depuis le temps qu’il attend de ferrer une carpe grosse comme une baleine. Sur un monticule vert vif, les sept frères entourent la géante Blanche Neige qui danse.

Les habillements sont d’un classique ! Rien ni personne n’est débraillé. Le jean troué, le pull difforme, les baskets douteux, le décolleté voyant ou le bling bling, ce n’est pas pour eux.

C’est un monde travailleur et heureux de l’être, d’une gentillesse sans limites – regardez seulement ce nain qui dorlote un bébé écureuil. La déprime, connais pas. On est frappé autant par la saine absence de ce trouble-fête, la concupiscence. Seule varie la largeur du sourire – même Grincheux ne boude que pour mieux obtenir un baiser sur son crâne dégarni. Qu’il vente ou qu’il gèle, que le soleil tanne ou que la pluie crache pendant trois jours, le bonheur est entier, immuable. Ca fait du bien, n’est-ce pas ?

La nuit regagne sa place, refait les ombres. L’obscurité ouvre-t-il le monde à la malveillance ?

Les yeux nocturnes regardent dans le noir. Près de la brouette abandonnée, d’un vigoureux coup de reins un nain culbute une naine pliée en deux devant lui – ou est-ce un nain ?

Las de la bonhomie implacable de jour, les nains s’adonnent à la méchanceté. N’étant pas des gradés du mal, les sorts qu’ils jettent comme des tomates pourries n’atteignent pas intégralement leur but. Les borborygmes d’un garçonnet humain n’annoncent pas la péritonite aigüe espérée, mais au moins rate-il la sortie scolaire à la mer qu’il n’a jamais vue. Rendre hideuse une jeune femme pimpante, peut-être pas, mais en partant pour son rendez-vous d’amoureux elle se voit dans une vitrine : son nez s’est offert un bouton, un véritable volcan nano-nain au sommet vert tendre. Bon, le camion passe deux secondes trop tôt pour écraser le cycliste, mais il tombe, voile sa roue avant, arrive en retard à la salle d’examen, est refusé l’entrée (“Mais Monsieur, on prévoit une marge pour ces choses”) et refait son année.

Passons sous silence les sept nains qui convergent vers Blanche-neige. Dans le vrai conte, loin d’être méchante la reine-mère se déguise pour sauver sa si belle fille de ces pervers – ah cette chair blanche comme la neige ! Des sept, Timide surtout est connu pour ses penchants dépravés et cruels.

Faire peur ? Les nains s’y essaient sans conviction. Quelques bruits sourds sous le lit, un rideau qui flotte devant une fenêtre fermée, une ombre mouvante dans la cuisine ou les buissons, mais pas la grosse artillerie de l’épouvante.

Le nain animalier se met nonchalamment à manger vivant l’écureuil, en commençant par une patte avant. Qui aurait crû une si petite créature capable d’émettre des hurlements rauques comme ça ?


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Refrain : Heigh-ho…Heigh-ho…
J’aimais bien mon boulot
Où est ce bâté gredin,
Qui m’a mis dans son jardin !

Nous étions sept, dans mon conte de fées
Blanche-Neige était notre reine…
A la mine nous allions travailler,
Du matin au soir nous piochions sans peine
Car nous avions son sourire, en fin de journée…

Refrain : Heigh-ho…Heigh-ho…
J’aimais bien mon boulot
Où est ce bâté gredin,
Qui m’a mis dans son jardin !

Et me voilà tout seul, moi Simplet
Planté dans ce jardin, au soleil, à la pluie…
Perchoir des oiseaux, je suis tout crotté…
J’ai froid, j’ai chaud… c’est d’un ennui…
Les gens me regardent et je les fais rigoler !

Refrain : Heigh-ho…Heigh-ho…
J’aimais bien mon boulot
Où est ce bâté gredin,
Qui m’a mis dans son jardin !

Le comble de l’indigence ! Une fois par an,
J’ai de la compagnie : un Père Noël, des rennes…
On nous met des guirlandes, des lumignons…
Et le soir, je clignote… Quelle mise en scène…
Les passants s’extasient … ou se marrent… c’est selon …

Refrain : Heigh-ho…Heigh-ho…
J’aimais bien mon boulot
Où est ce bâté gredin,
Qui m’a mis dans son jardin !

Reverrais-je un jour mon conte de fées ?
Ma Blanche-Neige, ma reine, mes frères ?
Dans le vent, la pluie, je suis tout délavé,
Mon bonnet pointu, n’est plus aussi fier…
J’ai froid, j’ai peur tout seul, je vais pleurer…. !

Refrain : Heigh-ho…Heigh-ho…
Je veux retrouver mon boulot !
Je vais lui faire la peau, au gredin,
Qui m’a emprisonné dans son jardin !



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Kalimshi : guerrier nain du clan de Fiara

Je m’appelle Kalimshi, nain du clan de Fiara. Au loin, fermant l’horizon vers l’occident, se détachent les pics de Grimwall , couverts de neige toute l’année qu’on appelle aussi la « muraille venteuse ». Je forge des armes et des armures réputées dans le monde entier. Ces objets de grande valeur sont très recherchés et font l’objet de commerce entre toutes les races de la lumière. Ces équipements extraordinaires sont forgés par nous, les forgerons nains, une race qui, si elle est petite par la taille, est dotée d’une force exceptionnelle et d’un courage indomptable. Comme les elfes, les nains sont une race ancienne ayant survécu au règne des dragons en se cachant dans les cavernes labyrinthiques dissimulées au plus profond de la muraille venteuse . Notre réputation a depuis longtemps franchi les montagnes à tel point qu’un humain du nom de Wagner nous a dédié une œuvre  monumentale qu’il a nommée «l’anneau des Nibelungen».

Aujourd’hui les nains sont enfin sortis des puits obscurs creusés sous les pics de Grimwall pour créer d’imposantes cités où ils commercent avec les autres races de la lumière. Il y a Fasthome, construite au pied des anciennes mines des monts Grimwall et Windhome, une cité majestueuse bâtie au milieu des cimes enneigées de la muraille venteuse et qui offre protection contre les tempêtes venues du sud. On y entend le chant inlassable du marteau des maîtres-forgerons et c’est là que des marchands de toutes les régions de Fiara viennent s’approvisionner en produits de fer et d’argent de grande valeur. Quand la guerre s’annonce, c’est aussi de là que partent en rangs serrés les guerriers nains équipés de leurs armures indestructibles et de leurs terribles haches, toujours prêts à venir en aide à leurs frères de la lumière.

Demain, avec mes frères, je partirai par delà les monts vers une terre lointaine et barbare que les humains appellent « Picardy ». Il paraît qu’en ces contrées sauvages, des humains à la peau laiteuse et au visage glabre, ont assujetti nos frères nains. Après les avoir transformés en pierre par un sortilège horrible, ils disposent nos frères tels des trophées dans les jardins autour de leurs maisons. En outre, ces humains semblent tirer une grande gloire à exhiber leurs trophées et se livrent à des surenchères entre voisins pour savoir qui en exposera le plus grand nombre. La nuit, pendant que ces porcs d’humains dormiront, nous emporterons tous nos frères ensorcelés. De retour dans notre beau pays, nous érigerons ces statues colorées dans nos villes, tels des monuments funéraires stigmatisant la cruauté des humains et la gloire du peuple nain.



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