C’est plus qu’une coquetterie qui me fait publier, avant la fin du mois, cette remarque à la place du texte à accompagner la photo de juin, cet avion qui se signe au ciel. La périodicité mensuelle a pris de l’importance pour moi, ce rendez-vous entre, d’une part le calendrier, neutre mais implacable, qui ne juge ni ne presse ni ralentit l’humain, mais qui offre des repères dans le flux du temps, et d’autre part l’écriture, cette folle entreprise qui consiste à convertir la mémoire, l’observation, la pensée, les émotions en mots, exprimés par des signes sur le papier (l’écran, autant).

Chaque mois, un sujet se présente, et je l’écris. Simple ? Pas tant que ça. C’est que la capacité à manier le vocabulaire, l’expérience de l’écrit, un sens de l’orthographe, ne suffisent pas. Il faut simultanément prendre les commandes et lâcher prise. Une image inquiétante qui me vient serait le geste ferme avec lequel on ouvre une porte, mais qui donne sur l’informe, le confus, le sensuel.

Mon texte, qui s’appelle “Le grand rien”, et qui concerne une journée passée à marcher sur une plage de Goa, en Inde, et d’une rencontre avec un poisson volant (rien que du pertinent !) promettait le pur plaisir de revenir dans ma tête sur ce lieu, cette expérience, ce moment de vie. Je pensais, sans me l’admettre, que pour une fois la porte pourrait rester fermée. Eh non ! Quel sens aurait ce grand rien si je ne le regardais pas en face ? J’ai hésité autant que possible, et assez pour ne pas être à l’heure.

Alors, pas de coquetterie, mais une pirouette pour rester fidèle au rendez-vous de Marque-pages. Au moins ne dis-je pas “S’il vous plaît, M’sieu, le chien a mangé mon cahier.”

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