Archives pour janvier, 2010

 J’ai écrit ce texte pour m’exprimer sur les tableaux que j’ai vus à la bibliothèque de Soissons.

Voilà : je vois la force d’expression de ces tableaux.

De plus ils parlent de vie et de soleil. Dans certains on peut y voir le Malin, des morts sur un bateau avec plein de signes de croix et de la fumée noire qui s’élève d’une forêt calme et noire.

On peut aussi y voir ces signes du Coran sur certains tableaux, de la peur du Diable.

Mais tout cela forme les signes de l’Amour et de la Vie d’aujourd’hui.

 

Abdallah

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L’horloge du temps


Merci Salim pour ce beau tableau.

Nous sommes emportés sur ce bateau poussé par le vent.

Sur ce navire il y a aussi une horloge qui mesure le temps qui passe.

Cela nous rappelle la vie qui s’écoule


Naget

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Il y a sur  les lithographies de Salim
Des caractères fins et stylisés
Qui font mon esprit s’envoler,
Couleurs, fusion, étrange ardeur
D’un soleil sanguin.
Mon esprit s’évade,
Quelque part, dans le Maghreb lointain,
L’enfant s’avance,
Sur son minuscule plateau,
La théière,
Un verre ciselé.
L’enfant court, tintements du  métal et du verre
Il veut me rejoindre, vite,
Avant que je ne reparte sinon  s’en sera fini  pour sa journée.
Un verre de thé contre quelques pièces,
Brûlure du breuvage sombre,
Acre,
Et le regard du petit,
Ses yeux noirs, implorants
Gamin chétif, vêtu de rien,
La misère, tout près du désert.
S’imaginer pour cet enfant
Une vie ailleurs
Que ce soit autrement mais ici,
Qu’ici ce soit autrement
Qu’il puisse y vivre enfin !
Mes doigts sur le verre à thé
Explorent dessus  les signes calligraphiques délicatement gravés
Semblables il me semble
A ceux
Dessinés par Salim.

 

C.M

 

 

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Si Salim Le Kouaghet mettait de la calligraphie arabe sur ses images, j’y supposerais, sans pouvoir la lire, un sens, une logique prosaïque ou poétique. J’en resterais là, dans le plaisir des yeux. Mais il déploie ce qu’il appelle « un geste d’écriture », c’est tout. L’« abstraction » de ce geste appelle un autre regard. Rien n’est moins abstrait que la réaction à l’art abstrait. Sans paysage ni portrait ni nature morte à reconnaître, il donne une indication que suit chacun selon ses préoccupations.

J’erre alors, passe à travers la notion d’écriture qui vient forcément en tête des références, et arrive à celle de la parole. Après tout, l’écriture n’est que (que ?!) le codage de ce qui se dit. La parole, donc, dans ses différents avatars.

J’ai grandi en anglais et, tenu par des obligations familiales, m’essaie parfois au néerlandais. Mais je vis en français. Les compliments qu’on me fait sur mes compétences ne font que souligner, bien sûr, que je ne le parle pas en natif. Je fais des fautes, tout en sachant en déguiser la plupart, et l’accent reste indécrottable. Mon anglais d’enfance était déjà fortement accentué, et c’est avec cet accent-là que les lèvres pervertissent le français.

J’aime d’amour le français pour sa grâce, et je tente volontiers le numéro d’équilibriste nécessaire pour le parler avec élégance mais sans prétention. J’aime son aptitude aux saillies d’esprit. Pas besoin d’être original : un commerçant rappellera à tout client maladroit qui sème ses pièces jaunes par terre que « pourtant, Monsieur, ça ne pousse pas ». Chacun se félicite alors d’appartenir au « peuple le plus spirituel du monde ».

La langue possède tant de clarté que ses tournures peuvent paraître inévitables, statiques même. Le tout est d’y mettre du mouvement en gardant la rigueur. L’anglais, en revanche (mot combatif, adéquat aux relations entre les deux cultures) regorge de nuances et variantes, par son gigantesque vocabulaire puisé aux deux sources latine et saxonne. Le danger y est de se perdre dans le dédale des possibilités. La poésie anglaise est en couleur ; la française en noir et blanc. Chacune met aussi bien l’essentiel en mots.

« Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » disait Taine ; Si le mot « baragouiner » était absent du français, il faudrait l’inventer, pour dire la façon dont je parle le néerlandais. J’ai ramassé ses éléments comme on cueille des fleurs le long d’un chemin creux, et le résultat est bien confus. J’entrevois seulement la beauté de sa sévère syntaxe germanique qu’allègent la simplicité des conjugaisons et déclinaisons, et la pragmatique formation des mots (le lierre est « klimop », c’est-à-dire « la grimpe »).

En anglais je flotte comme dans le liquide amniotique. En français, je nagerais assez bien dans une course pour gagner une médaille (de bronze, n’exagérons pas). En néerlandais je me débats comme un gros monsieur tombé dans un étang sans savoir nager.

L’anglais a toujours été d’importation en Irlande, et dans les abîmes de mon anglais maternel se mouvait la langue originelle, n’émergeant que dans des tournures, des mots dont j’ignorais l’origine. Je ne parle pas le gaélique, pas plus que je ne lis l’arabe. Plutôt « je ne parle pas encore », car je garde l’espoir de m’exprimer un jour sans accent. J’admets aussi attendre que, voix et parole enfin réconciliées, le verbe devienne chant.


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Nota : après la visite chez Salim, une foule de souvenirs de mon enfance tunisienne ont refait surface dans ma mémoire, réveillés par les images et les mots du peintre. Le texte qui suit n’est donc pas une biographie de Salim Le Kouaghet mais la traduction de mon état d’esprit à l’issue de la visite.

p10301083

Hier j’ai reçu un groupe de personnes venues me rendre visite et me questionner sur ma peinture.
Quand ils sont partis, seul dans ma grande maison picarde, j’ai regardé derrière moi. Mon passé, mes racines…Comme le disait Gauguin dans un de ses plus célèbres tableaux, perdu au milieu du Pacifique, loin de sa terre natale : « d’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? »
A la sortie sud de la ville où j’habitais il y avait un panneau routier qui fascinait l’enfant que j’étais. Il indiquait les distances de villes africaines qui étaient pour moi comme des mirages lointains et attirants : Tombouctou 2634 kms, Le Caire 2537 kms.
Lorsque le « hamzin », ce vent du sud soufflait, mon esprit s’évadait vers ces lieux mythiques, à la rencontre des caravanes de sel. Les murs des maisons de la ville prenaient alors cette couleur ocre que l’on voit dans certains de mes tableaux.
Notre maison était grande. Elle s’organisait autour d’un « patio », grande cour carrée à ciel ouvert, sur laquelle donnaient toutes les pièces. Le soir, quand l’air frais des montagnes de Kabylie envahissait la ville, nous nous retrouvions autour du bassin d’eau et nous écoutions mon grand père nous raconter « la France » qu’il avait connue pendant la guerre de 14-18.
Ma mère avait un métier à tisser et, avec ma sœur ainée, travaillait à un grand tapis qui devait orner sa chambre. La mémoire est étrange… je ne sais plus où j’ai mis les clés de l’atelier mais les motifs du tapis sont gravés à jamais dans mon cerveau ! J’ai montré aux visiteurs ce grand tableau où figure ce tapis de ma mère, mais peuvent ils comprendre ?
Il y a la musique aussi, et le rythme un peu hypnotique du achwiq, le style musical kabyle, que ma mère chantait pour bercer mon petit frère. C’est ce rythme que j’essaie d’imprimer à ma main lorsque je couvre ma toile de ces motifs calligraphiques tous différents. Ils sont comme la musique qui m’a bercé, riche de variations mais pourtant composée de quelques notes seulement !
Un jour je suis parti. Non vers ces villes mirages dont je rêvais mais vers la France.
Je me suis installé sur cette terre picarde martyrisée par la folie guerrière des hommes. Mon grand-père, qui repose maintenant dans la terre de son pays, avait combattu ici. Les récits qu’il nous en faisait étaient pleins de bruit et de fureur et pourtant baignés de la nostalgie de sa jeunesse. Dans quelques unes de mes toiles j’ai essayé de peindre cela : des maisons dévastées. Je ne sais plus si ce sont celles de la Picardie après la guerre ou bien celles de mon quartier en Algérie, aujourd’hui livré à la destruction planifiée ?
J’entends la porte qui s’ouvre… ma fille rentre de l’école ; je reprends pied dans la réalité, le voyage est terminé mais les cailloux du Petit Poucet qui jalonnent le chemin de mes souvenirs sont toujours là car ils remplissent aujourd’hui mes toiles pour toujours.

 

 

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