Les collages de Colette Viet à la Bibliothèque inspirent cet assemblage de phrases découpées dans des textes déjà écrits pour ce blog (seule la dernière provient d’un écrit écarté), et collées ici. Le sens ? Plutôt dans les couleurs que dans la logique.

Le jour émerge de la nuit sur nos jardins, avale les ombres, et fait croire à la bienveillance lumineuse. J’étais le soleil, tu étais la lune. Nous dansions dans la moiteur indienne, mes bras tendus en haut pour dominer le jour, les tiens en bas pour accueillir la nuit. C’était sublime, c’était ridicule. Les mots allaient donner des couleurs subtiles au récit, comme les jacinthes bleuissent les sous-bois, puis soudain ils tombent comme les fleurs fruitières sous la grêle, pétales d’un rose devenu vulgaire, collées aux pavés, détritus sans utilité. Une surprenante sensation, comme un goût, ou une absence de goût. L’intensité, seul préalable, peut s’insinuer dans le fait ou geste le plus banal, jusqu’à le faire exploser dans le sublime. Il suffit – suffit ?! – de tendre les mains, et qu’elles soient vides.

Longtemps je sentais une tristesse obscure en voyant marqués sur une pierre tombale un nom étranger et un lieu de naissance dans un autre pays. L’obscurité était celle qui teinte une émotion simple lorsqu’elle en éveille d’autres, plus troublantes, non admises.

Un amas de lianes et volubiles passe en flottant sur la Mulamutha, comme une île tropicale en miniature qui pourrait héberger des tribus lilliputiennes.

La colère le secouait, comme un chien qui massacrerait un lapin. La rage le chevauchait comme un brutal cavalier sa jument, les éperons enfoncés dans les flancs. Une Furie antique nichait dans son cerveau, exaspérant les neurones jusqu’à la folie.

Je suis venu dans le pays de Soissons pour un jardin, qui n’était alors qu’un terrain rendu aux boutons d’or en émeute contre l’ordre horticole. Je n’étais guère stoïque à l’époque. Plutôt culbuté comme une paysanne par des émotions qui allaient fouiller indélicatement sous mes jupons ; ou bousculé, vieillard effarouché par des sensations décidées à me piquer mon portefeuille, mon portable et ma carte Senior ; et je ne parle pas de ces turbulences que je ne percevais même pas, et qui allaient plus tard soulever mon bateau et le porter à travers une cordillera vers une autre mer.

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Une réponse à “Lire les couleurs”
  1. Nono dit :

    Si on zappe l’entête dans lequel Denis fournit la “clé” (le texte est lui-même un collage) on a du mal à comprendre le sens général et pour cause : il n’y en a pas! Seulement une atmosphère, une couleur et une musique des mots… très bel exercice de style!

  2.