Archives pour février 15th, 2011

chichen_itza







 

Juan s’est réveillé tôt ce matin du 22 juin car Ramon l’attendait à l’aéroport de Mexico. Ils font  équipe tous les deux à l’Université et sont spécialisés dans l’étude de la civilisation Maya.
Ramon possède un petit avion et ils partent ce matin pour Chichèn Itzà assister au jeu d’ombre que forment les gradins de la pyramide le jour du solstice d’été. A midi, cette ombre représente le terrible serpent à plumes Quetzalcóatl, dont la tête vient reposer sur le sol comme pour le fertiliser.
Le jour du solstice (d’hiver ou d’été) est toujours particulier. Ce jour là il peut se passer des tas de choses : il nait un Messie dans une grotte de Palestine, des druides arpentent les forêts pour cueillir du gui, des foules se rassemblent à Stonehenge autour des grands mégalithes. D’autres événements merveilleux peuvent se produire car les forces telluriques du Monde s’agitent et se retournent comme un Dieu qui se réveille.
Pendant que le regard de Juan se perd dans le moutonnement infini de la forêt, son esprit part à la dérive. Des mots étranges se forment dans sa tête : « le sang de l’ennemi toltèque fertilisera les champs de maïs ».
Tout à coup sa rêverie est interrompue : le moteur du Beechcraft toussote un peu, comme atteint d’une crise de hoquets, puis s’arrête. Ramon garde son calme, tente de remettre le moteur en route mais en vain. Son regard cherche une éclaircie dans la forêt. Une sorte de clairière semble propice à un atterrissage de fortune. Evitant de justesse la cime des grands arbres qui bordent la trouée, Ramon pose l’avion sur un sol recouvert des restes d’une coupe d’arbres. L’avion culbute et glisse sur plusieurs mètres.
Un grand silence suit le fracas de l’accident. Les oiseaux se sont tus et les petits singes noirs se serrent les uns contre les autres, effrayés et attentifs.
Des hommes, sortant de quelques cabanes forestières s’approchent. Ramon est mort sur le coup. Juan n’est pas très en forme. On le transporte dans une des maisons. Lorsqu’il ouvre les yeux il voit le visage ridé d’une vieille indienne qui l’observe.
« Ne t’agite pas, tu vas t’en sortir. Pablo est allé au village pour prévenir de l’accident. Les secours seront là, demain ou après-demain. »
Juan a du mal à émerger. Il a mal à son arcade sourcilière. Du sang coule encore un peu de sa blessure et un ruisseau ramifié relie son œil à la commissure de ses lèvres. Le goût du sang dans la bouche lui est familier. Les mots qui l’obsédaient tout à l’heure reviennent dans son esprit : « le sang de l’ennemi toltèque… » Il sombre dans l’inconscience.
Au réveil, c’est le visage d’une autre indienne, toute jeune celle-là. Son œil lui fait encore mal mais il n’a plus le gout du sang dans sa bouche.
« Ramon ? »
« Ton ami ? Malheureusement il est mort. Sur le coup. Ne t’agite pas, ici tu es en sécurité»
Juan a du mal à comprendre. « En sécurité », pourquoi ? Y aurait-il un danger ?
La nuit semble tombée. Il n’y a pas d’électricité dans cette maison. Juste une petite lampe à huile qu’il aperçoit sur une table rustique. Dehors on entend des tambours. Leurs percussions résonnent dans la tête de Juan. Mais peut-être est-ce le sang qui cogne dans sa tête douloureuse ?

Des hommes viennent le chercher. On le transporte sur un brancard de fortune. Vers quel endroit ?
Les tambours ne cessent de résonner. Leur rythme s’est accéléré. L’un des hommes de l’escorte est habillé d’une sorte de grande toge blanche. Peut-être un infirmier ? Bizarre…
Les Aztèques sont cruels. Les Toltèques sont leurs ennemis. Il faut leur échapper. Peut-être pourra t-il bénéficier de l’obscurité pour le faire ?
Son ami Ramon a été tué. Son corps est sur une grande dalle de pierre, au centre de la clairière. Les hommes repoussent le corps de Ramon et on l’installe sur la dalle en pierre. Il sent les aspérités sur sa nuque. Il sombre dans l’inconscience.
Il se réveille. Les tambours se sont encore accélérés. Des feux éclairent la voute sombre de la forêt alentour. Des herbes aromatiques ont été jetées dans les flammes et leurs senteurs enivrantes masquent l’odeur du sang.
Le sacrificateur Aztèque vient vers lui, son couteau de pierre à la main. Sa robe blanche est illuminée par le sang des Toltèques vaincus. Il est maintenant parfaitement éveillé, loin de ce rêve bizarre dont il a eu du mal à sortir. Car il est certain qu’il sortait d’un rêve. Un rêve fantastique et merveilleux, dans lequel il volait avec son ami Ramon dans un étrange insecte volant au-dessus d’une grande cité. Il est maintenant dans le monde réel et il va mourir, comme Ramon et ses autres amis Toltèques.

Jean

 

Nota :

Les expériences de « N.D.E » (Near Death Experience » montrent que les personnes qui les ont vécues ont quelquefois accompli des voyages temporels. C’est ce que j’ai essayé d’écrire ici avec ce spécialiste des civilisations Mayas qui est sacrifié sur un autel rituel. Mais à quelle époque ?

 

 

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