Foot : Jean

Making Off pour le Football :

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Le décor de ma maison natale

Sur la photo on voit le décor qui environne ma maison natale. (En cliquant sur la photo elle s’agrandit). Ma maison était située au delà de la lagune, juste sous les 3 cheminées qui crachent de la fumée toxique ( dioxyde de soufre et péroxyde d’azote). Au premier plan : les salines.(La montagne blanche n’est pas de la neige mais du sel). C’est là que nous nous réfugions, en traversant la lagune par la digue qu’on aperçoit au centre, pour échapper aux bombardements alliés qui visaient la cimenterie. Ah… j’allais oublier, dans la liste des pollutions, les poussières de ciment de la cimenterie située juste de l’autre côté de la rue! (1 ère cheminée à gauche)

Ainsi je suis né et j’ai grandi dans cette banlieue populaire de Tunis, On y jouait donc au Football. Mais pas seulement : il y avait aussi un jeu à l’origine inconnue, appelée « le Quinet » importé mystérieusement dans ces terres lointaines des colonies…C’était un jeu assez violent, sorte de base-ball, dangereux pour les vitres à portée de projectile (un morceau de bois effilé).

Voyez comme les jeux sont bizarres et ont une existence qui s’adapte aux circonstances…
En 1947, à l’école communale de Dubosville, je jouais à un jeu que nous appelions « Chi Fourmi ».(Enfin c’est phonétique… je n’ai jamais écrit ce mot-là). Il s’agissait de ce jeu bien connu que nous appelons aujourd’hui « pierre-papier-ciseaux » dans lequel deux joueurs tirent simultanément chacun un signe avec leur main et décident qui a gagné selon une hiérarchie du style : « les ciseaux coupent le papier », « le papier enveloppe la pierre », etc…
Je n’ai compris que bien plus tard l’origine du nom donné à ce jeu par la population de Tunis. Pendant l’occupation des troupes américaines qui a suivi la libération de la Tunisie, les soldats qui avaient des vues sur une jolie fille à « draguer » jouaient à ce jeu pour laisser le hasard décider qui poursuivrait la belle. En dévoilant leur main (ciseaux, papier ou pierre) ils disaient ; « She For Me » (Elle est pour moi). Voilà comment les petits siciliens de la banlieue de Tunis avaient baptisés le jeu : “Chi Fourmi” ! Avouez que cela a plus de gueule que « pierre-papier-ciseaux » !

Quant aux batailles à coup de pierres ou de fronde dont je parle dans ma nouvelle, elles ont bien été réelles, mais se déroulaient dans d’autres circonstances que les matches de foot. C’était plutôt des rivalités de « clan ». (Aujourd’hui on dirait « de quartier ».). En fait nous appartenions tous à des bandes, avec à leur tête un « chef ». Par exemple, à Dubosville j’appartenais à la bande de Cardinale, (le frère d’une certaine Claudia  qui ne s’était pas encore dévoilée). Si, pour une raison qui souvent d’ailleurs nous échappait, Cardinale avait un compte à régler avec Orfeo, le fils du boulanger, chef de l’autre bande, la guerre était aussitôt déclarée!

Lorsque j’ai voulu écrire sur la photo du « Football » ce sont ces bouffées de souvenirs qui ont refait surface dans ma mémoire. Le football n’est qu’un prétexte. L’important est le décor, fait de visages, de bruits, de couleurs et d’odeurs (ah… la puanteur du lac de Tunis en été !)

Quant au reste, bien sûr, comment échapper au football au Brésil ? J’y suis allé de nombreuses fois et cela fait aussi partie du décor. Par contre la conduite « déjantée » des cariocas est bien une réalité et les enfants qui jouent au foot dans la rue sont des victimes fréquentes. La première fois que je débarquai à Rio, sur la route de l’aéroport au centre ville nous avons vu la voiture qui nous précédait écraser un enfant qui traversait à la poursuite de son ballon !


Jean

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2 réponses à “Foot : Jean”
  1. Denis dit :

    Eh bien voilà un exemple de ce que j’entrevoyais ! Ce qui m’intéresse, et qui me semble enrichir certains textes, c’est de révéler le va et vient entre le souvenir fondant et sa mise en écriture. Ou bien de décortiquer l’envie de traiter tel sujet de telle façon. Ou les idées rejetées avant le choix de telle démarche.

  2. Jany dit :

    Jean
    bravo : avec le making of, on apprécie encore mieux le texte, la nouvelle
    ici, le making of est carrément un autre texte, une autre nouvelle

  3.  
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