making of Cri Cri

Il y a trois clés qui sont à l’origine de ma nouvelle.

D’abord : “les simplets et l’amour”. C’est un sujet qui a été largement traité en littérature et l’un des plus connus est celui du personnage de Lennie dans “des souris et des hommes” de John Steinbeck, mais aussi “l’idiot” de Dostoïevski, un peu moins connu . Dans le monde des gens “normaux” ils vont au devant des déceptions et semblent voués à ne devoir fréquenter que leurs semblables. Je connais personnellement un “simplet”, qui, comme Cri Cri, regarde passait le temps puis se réfugie dans sa chambre, où seules les femmes des magazines spécialisés viennent lui tenir compagnie la nuit.

Ensuite, il y a le monde brumeux et vague des bords de l’eau. Il me rappelle celui de la lagune de Tunis, au bord de laquelle je suis né, avec ses péniches qui transportaient le sel vers le port de Tunis. Plus tard j’ai connu l’éblouissement de Venise, berceau des Sudarovich, émigrés (et éternels migrants) de Dalmatie. Mon grand père, que j’adorais, était né dans la région marécageuse du delta du Po. Bien qu’ayant passé ma jeunesse dans un pays où la lumière et le soleil règnent en maitres, j’ai toujours gardé une secrète nostalgie (une “saudade”, comme diraient les portugais) pour ces paysages incertains des lagunes et des marais.

Enfin il y a l’inadaptation de certains êtres au monde “moderne”, qui peut aller jusqu’au suicide. La dernière image, celle de Cri Cri pendu, dont les pieds tournent comme une boussole qui a perdu le nord, est un pur et simple mauvais “plagiat” de la fin de “Brave New World” de Aldous Huxley (faute avouée est à moitié pardonnée ?), quand le “Sauvage”, incapable de supporter ce merveilleux “Nouveau Monde” se pend dans la réserve d’indiens où il s’est réfugié. C’est une vrai fin “de cinéma” à la Sergio Leone , il n’y manque que le “fondu au noir”, la musique de Morricone et le générique final ! Pour les puristes, en voici le véritable texte, bien meilleur évidemment que le mien :

” Lentement, très lentement, comme deux aiguilles de boussole que rien ne presse, les pieds se tournèrent vers la droite; nord, nord-est, est, sud-est, sud, sud-ouest; puis ils s’arrêtèrent, et, au bout de quelques secondes, revinrent, avec aussi peu de hâte, vers la gauche, Sud-ouest, sud, sud-est… ”
Aldous Huxley : 1933

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