Rue des graviers à Soissons. Que peut-on bien raconter aujourd’hui sur cette rue banale à mourir, dans ce quartier qui pourrait être si beau à condition qu’on aménage un peu ces bords de l’Aisne ? Au lieu de cela on laisse à la vue des soissonnais et des touristes ces lugubres silos en béton d’un autre âge et les programmes municipaux remettent inlassablement leur projet de destruction sans qu’on trouve jamais le budget pour le faire !

 

 

 

 

 

Alors les « graviers » ? C’était au temps où la construction d’immeubles et de routes nécessitait de grandes quantités de sables et de graviers et le lit de l’Aisne en fournissait à foison. A cette époque le transport se faisait par péniche et les quais au bout de la rue avaient un petit parfum de port avec ses belles péniches et ses « mariniers » au parler « chti », s’interpellant d’un bateau à l’autre.

Pas loin de là, à quelques « encablures » pour rester dans le langage des mariniers, on trouve ce qui s’appelle aujourd’hui la « passerelle des anglais ». Pendant 11 siècles (depuis 825)cela a constitué le plus vieux et l’unique pont de la ville et comme beaucoup de ses semblables en France, des légendes circulent encore, évoquant le Diable et ses œuvres : pacte passé par l’architecte pour achever le pont et tribut payé en âmes destinées à la damnation. On raconte en effet que, en vertu de ce pacte qui avait permis de construire le Pont en une nuit, chaque treizième piéton qui l’empruntait disparaissait et son âme allait en Enfer !

Le pont était constitué de 6 voutes.

Après sa destruction par les allemands en 1914 il fut reconstruit par les anglais, d’où son nom. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une misérable carcasse métalliques en parfaite harmonie avec la pauvreté du quartier et l’absence d’initiatives municipale en matière d’aménagement. Son emplacement est idéal dans la ville et j’en veux pour preuve que beaucoup de jeunes s’y donnent rendez-vous comme ils le font à Paris avec le Pont Saint-Michel.

Alors il reste à souhaiter qu’un élu passera un nouvel accord avec le Diable (un investisseur privé?) pour redonner vie à ce quartier et rebaptiser peut-être la « rue des graviers » en « rue du Pont Neuf ».

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