Archives pour janvier 15th, 2009

Je la vois. Assise.Jambes épilées, nettes. Brushing impeccable. Habillée simplement, classe lui répéte souvent sa meilleure amie.
Maquillage discret, et la bouche ourlée d’un rouge corail. Est- elle belle? simplement vivante…
Elle attend son tour, a pris son ticket pour la file d’attente et observe discrétement les gens présents dans ces locaux ASSEDIC.

Un homme sans âge, le cheveu gras, une grande frange ramenée sur son crâne chauve. Elle l’a déjà vu… ah! oui, il faisait ses courses, la calculette à la main, digne avec son panier maigrement rempli.
Et cette grosse dame dans un coin, et cette grande fille élancée au regard si dur. Des gens anonymes, inconnus. Elle regarde, croque des portraits comme un peintre.

Cette salle d’attente lui paraît tout à coup insupportable. C’est à s’y méprendre, comme l’attente à l’hôpital. Atmosphére glacée, tendue et vos entrailles qui gargouillent. Pauvres sourires en coin. On s’épie, on se jauge, on se scrute.
Réplique du film “Pédale Douce” : ” Vous en êtes?”
Tous là, dans ce même attentisme, cette attente froide et glacée comme un bloc opératoire.

“Vous en êtes ?” oui, je suis au chômage, ou j’ai eu un cancer. N’est ce pas la même chose?

Tout à coup pourri, plus bon à rien,rongé et la vie entre parenthéses. Traitements, chimio, rayons, chrirurgie et autres réjouissances.

C.V, lettres de motivation, ateliers de n’importe quoi, qu’importe le titre pompeux, puisque celà ne sert à rien.
Rien qu’à attendre, être en sursis.
Et cette image dans la glace est ce bien moi?
Moi, défait, amaigri,cicatrisé, blessé, mort dix fois et réssuscité tout autant.

Moi, le malade victime aussi d’un doux euphémisme qui risque bientôt de faire de moi ” pas un technicien de surface”, mais un mort pour longue maladie. Ni fleurs. Ni couronnes. Et l’ASSEDIC comme enterrement de 1ére classe.

Et ces gens qui vous regarde d’un air condescendant. Ces voisins dont la porte se ferme toujours trop tôt.
Et ce courage qu’il faut aller puiser au tréfonds de soi.
Croire que demain sera meilleur, et les lâches et les couards qui vous abandonnent…
Et cette compassion affichée de toute part…

Et ces regards dans lesquels vous ne voudriez plus vous voir…
Es ce la vie qui vous abandonne?
On est plus qu’un reflet, le miroir de la peur des autres.
Les gens vous regarde. La jeune femme aux jambes épilées, s’en fout. Elle attend. Un conseiller qui ne verra rien. Un conseiller qui n’a pas été formé à ” l’humain”.

Est elle belle et vivante?
Elle affiche ses jambes parfaites. Image lisse. Et le chagrin dedans.

Chômage et maladie, dit elle en souriant: “la double peine”.

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Comments 7 commentaires »

- Salut P’pa, salut M’man !
- Ah, c’est Dick ! dit Rita à John.
- Qu’est-ce qui t’arrive Dick ? Voilà six mois qu’on ne t’as pas vu ! ajoute John.
- Ah ! ne m’en parlez pas, répond Dick. La banque a été rachetée, du coup le service informatique a été liquidé, résultat 150 salariés mis à la porte !
- Tu n’as pas cherché autre chose, questionne la Maman, tu as une formation et une expérience pas négligeables quand même !
- Tu ne te rends pas compte de la galère en ville, des gens comme moi on en trouve à la pelle dans les rues. Alors si tu n’es pas pistonné… et encore un sacré piston… c’est même pas la peine d’essayer !
- Je vois que ta voiture est pleine de colis, tu déménages questionne le Père ?
- Tu l’as dit répond Dick ! La maison, nous n’avions pas fini de la payer et comme nous ne pouvions plus rembourser les prêts, on nous a carrément mis à la porte !
- Alors tu es à la rue s’inquiètent John et Rita de concert ? Et ta femme Monica ? Et ta petite fille Rita ?
- Ne m’en parlez pas ! répond le fils, les larmes aux yeux. A son tour Monica a été virée de sa boite d’Assurances. Alors pour survivre, on a décidé de retourner vivre chez nos parents, et Mary, la petite, a suivi sa mère !
- Mais comment allons-nous faire, dit Rita. Ici on n’aura pas assez Dick, pour te faire vivre !
- T’inquiète pas M’man, je trouverai bien des petits boulots de dépannage informatique chez vos copains paysans !
John répond gravement : « Tu sais vivre de la ferme, c’est du passé Dick ! A présent tous les agriculteurs ont un travail à l’extérieur. Nous, à notre âge, on s’en est lassé. Mais, comme dit ta mère, on en aura pas assez Dick, pour vivre à trois ! Bon, on va quand même pas te laisser à la porte, on vivra plus chichement. Tu nous aideras à faire un peu plus de jardin, nous élèverons quelques volailles de plus…
- Ah dit Dick, si seulement, on avait une ASSEDIC, comme en France !

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