Et tombent les feuilles et fleurissent les tombes
Plus pour longtemps, maintenant qu’on peut communiquer
avec ses morts par internet , vous avez entendu ça ?
Pardon, ma tante, quand vous commenciez à baisser de l’oreille
et à hurler le ton, j’ai cessé de venir vous voir dans votre résidence
Dans l’attente de la connaissance de votre testament
j’avais déjà pensé à faire contemporain :
incinération dans un funérarium
pour les remerciements, un seul message mailé à la maigre assistance
Maintenant que vous ne m’avez rien laissé
je ne change rien au menu
votre poids mort sera mis en pot dans une case
Au funérarium, les gens diront :
« après tout, elle avait son âge » et après le goûter, café, thé, petits gâteaux
« il fait pas chaud, hein ? » et maintenant « à qui le four, pardon le tour ? »
Et moi à qui vous disiez: « après moi les mouches »
pour vous emmerder, je me transformerai en mouches
J’achèterai un carré de terre, m’y ferai inhumer
dans un linceul tout blanc, devant notaire
et à ceux qui viendront blablater
« il avait quel âge, il est mort de quoi déjà ? il a souffert ?
beaucoup ? combien de temps ? (comme si ça comptait maintenant)
déjà, ou d’abord, les gens qui écrivent, ils ont quelque chose de pas net…
et puis à quoi ça sert, hein ?
A côté d’eux , caché sous ma cape d’invisibilité,
je leur soufflerai « mais à te nourrir mon cher…
Quand se sera inversé l’axe magnétique de la Terre,
tu découvriras la valeur de ces vers issus de ma chair
tu seras trop content de les recueillir dans tes mains
pour mieux les croquer à dents nues
A plus tard, dans un monde meilleur, petit carnassier !”
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