Archives pour janvier 30th, 2008

Quelle étrangeté cette cathédrale, cet édifice !
Façade dissymétrique, où est ta tour, la seconde ?
Dans la grisaille de ce ciel plombé où tes murs se fondent
Cathédrale de Soissons, je vois les sacrifices.

Tes bâtisseurs, tes ouvriers ont sué sang et eau
Pour t’élever vers ton dieu encore et toujours plus haut
L’art des Goths, présomptueux, veut toucher les sommets.
«Ah ! Doux-Jésus, Doux-Jésus ! » comme disait ma Mémé
Mais que dois-je faire pour t’atteindre ?
Par ces mots tendres puis-je t’étreindre ?

Quand j’étais enfant, qu’il me semblait aimable
Le Bon-Dieu, le Doux-Jésus
Le Dieu si bon, le Jésus si doux
Quel honneur d’entrer chez ce Dieu si affable !
Dans cette majestueuse cathédrale
Comment ne pas se sentir invulnérable 
Ainsi dans sa maison, conviée au chœur ?

« La petite lampe rouge là-bas, c’est son cœur »
Disait Mémé
Alors, installée dans la nef aux sept travées
Je lui parlais.
Et je passais beaucoup de temps à marchander.
Je lui proposais des commerces avantageux :

« Dieu, accorde-moi en français la meilleure note,
il me faut battre Yvan le terrible, l’affreux,
Le surdoué, le fort en thème qui m’insupporte !
Et je te promets Doux-Jésus que 50 Notre-Père,
50 Je crois en Dieu, et encore toutes les prières
Je te réciterai ! »
Alors je m’emballais,
Et j’insistais,
Je promettais..
C’est le soir qui me contraignait à sortir des lieux
Car la rosace répandait des feux moins lumineux.

Mais à Soissons où je suis née, je dois l’avouer,
Le Bon-Dieu à mon encontre fut bien disposé !

 

CM

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Une bonne tasse de thé fumante posée sur la table basse en teck devant moi, je m’apretais à découvrir les cartes postales du lot acheté le matin même à mon petit bouquiniste des quais de Seine spécialisé dans le nord de la France.Je me délectais à l’avance de l’émotion que ces prises de vue, anodines pour la plupart de mes congénères, allait réssusciter en moi, impatient de retrouver la chaleur de mes souvenirs adolescents moi qui ne dispose que de si peu de temps.
Mince!
De surprise j’en ai lâché la tasse. Je regarde, pétrifié le thé se répandre sur mon tapis persan. Non je ne rêve pas. C’est bien une carte postale de la rue des graviers!
Si je m’attendais!
Cette carte réanime le seul souvenir que j’aurais voulu garder enfoui, que la vie est mal faite!
Un, deux, trois petits cailloux gris
lourds, si lourds dans ma main soudain affaiblie.
Tout me revient malgré moi. Les pièces du décor se remettent en place. En arrière plan l’Aisne qui coule imperturbable devant la haie d’honneur des peupliers dressés au garde à vous.
Les petites maisons de pierres calcaires, grises et mouillées de chaque côté de la rue. Leur toit gris d’ardoise, luisants de pluie. Puis sur le devant de la scène, la bicyclette. Et crispées sur les poignées de cette bicyclette, ses mains. Et au bout, tout au bout de ses mains, son visage pâle, ruisselant et ses lèvres qui remuent imperceptiblement. Puis tout d’un coup, le son de ce qui devait pourtant être un chuchotement envahit la scène:
“C’est fini, je ne t’aime plus, je te quitte.”
Un, deux, trois petits cailloux gris ramassés pour être jetés
trois petits cailloux gris pour ne pas crier
et mon coeur en morceaux éparpillés,
rue des graviers.

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