Le Parc Saint Crépin : la sortie du dimanche
le bassin aux poissons rouges
le bruit des balles de tennis qui rebondissent sur les courts
Le parc aux beaux arbres,
avec à leurs pieds, des glands, des marrons
Au fond le “théâtre de verdure”
un plateau de gazon en haut de quelques marches
Avec mon frère, on y jouait des scènes
on passait derrière les rideaux de haie
pour descendre dans les coulisses : le carré de sable en contrebas
Comprenne qui pourra…

Souvenir plus récent, indélébile : la prison
oh ! rien que cinq semaines
Le temps d’une “préparation à la sortie”
pour quelques pauvres filles abîmées par la vie,
même pas encore jugées,
Accusées, sans doute pas sans fondement,
d’avoir transporté de la drogue
piqué dans la caisse pour nourrir leurs enfants,
laissé leur conjoint les violer ou le tuer quand il vous annonce, juste après l’amour,
qu’il va retourner chez son ex…
De toute façon, elles seront vilipendées
pour avoir été logées, nourrie, blanchies
pendant des années, aux frais du contribuable français

Quand il suffirait pour les réinsérer
et coûter moins cher à la société
de les aider à réaliser leur rêve
Créer une petite épicerie de quartier
un salon de beauté pour peaux noires,
travailler, et pas au black

Mais non, elles en prendront pour des années
sortiront avec la haine, survivront grâce à la prostitution
et leurs enfants seront déjà délinquants.
J’aurai participé à ce gâchis contre un piètre salaire
et je n’en suis pas fière

Survivra en moi, avec le souvenir des filles,
le bruit des sept grilles à franchir pour entrer et sortir
L’angoisse dans le sas quand la porte de derrière se referme
tandis que celle de devant tarde à s’ouvrir,
et sur le macadam, le son de mon pas pressé pour réintégrer le bus
dans lequel je pouvais, moi, programmer le cours de ma soirée

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