Archives pour décembre 10th, 2008

Friedhof



Vous qui voyez ma triste tombe,
Sous ce ciel lourd de Picardie
ne pleurez pas !
Car je ne suis plus là !

Depuis ce jour de 1917 où un obus français
A découpé mon corps,
J’ai quitté ce Monde de terreur
Pour celui d’un rêve éternel.

Je suis maintenant partout :
Dans la pluie qui mouille votre visage,
Comme les larmes de ma mère
Quand elle a vu mon nom écrit sur cette médaille,

Dans ces flocons de neige,
Qui effleurent votre bouche d’un baiser
Comme jadis les lèvres de ma mie
Dans les nuits d’été de Vienne.

Je suis dans ces beaux nuages blancs
Qui viennent d’on ne sait où
Par delà les mers et les montagnes
Apportant le parfum de pays lointains,

Je suis dans l’eau transparente
Du lagon de Bora Bora,
Chevauchant les grandes raies
Qui glissent silencieusement.

Oui, je veux oublier.
Oublier la fureur et la haine,
L’aveuglement et la bêtise humaine,
Pour ne voir que la Beauté

De cette Terre que j’ai si peu connue.





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